Saint-Jean-d’Angély

  • L’Aunis et la Saintonge maritimes

Saint-Jean-d’Angély. La ville de Saint-Jean-d’Angély, chef-lieu de l’arrondissement géographique et du canton du même nom, est située entre deux collines ; la rivière la Boutonne qui la baigne se divise en deux branches, à 10 kilomètres de la ville, et ces branches, qui se réunissent au port, deviennent navigables, et vont se perdre dans la Charente.

L’origine de Saint-Jean-d’Angély paraît remonter à l’année 837, où Louis-le-Débonnaire fonda, dans un superbe château, situé au centre de la forêt nommée Angeri, une abbaye célèbre où fut déposée la tête de saint Jean-Baptiste, après sa découverte, abbaye autour de laquelle s’éleva un village destiné à loger la masse d’étrangers accourus pour honorer cette relique. Le village s’agrandit, et, en peu d’années, il devint un bourg considérable, qui prit le nom de Saint-Jean-d’Angély et fut plus tard une ville.

La ville de ce nom était autrefois fortifiée. C’est en 1131 que l’on commença à l’entourer de douves, de murailles, bastions, etc. En 1204, Philippe-Auguste, à la suite des victoires qu’il remporta sur les Anglais, et qui le remirent en possession de la Saintonge et du Poitou, établit un Hôtel de Ville à Saint-Jean-d’Angély, à qui il accorda les mêmes privilèges qu’à La Rochelle. En 1206, la ville retomba au pouvoir des Anglais et y resta jusqu’en 1223, époque à laquelle Louis VIII la réunit à la Couronne ; mais, en 1346, Édouard III, roi d’Angleterre, ayant repris les places de la Guyenne, que ses prédécesseurs avaient perdues, fit assiéger Saint-Jean-d’Angély, qui, se trouvant alors sans troupes ni munitions, se rendit. En 1360, la bataille de Poitiers fut funeste à cette ville, que l’armée anglaise vînt assiéger et dont elle s’empara. En 1372, Duguesclin ayant marché sur Saint-Jean-d’Angély, les habitants, persuadés qu’il ne venait que pour leur offrir la protection du roi Charles V, lui ouvrirent les portes de la ville et le reçurent sans condition. Ce monarque fit relever les murailles et les fortifications, renversées au cours des sièges qu’elle avait soutenus, et pour la mettra en état de résister à de nouvelles invasions des Anglais, qui ne tentèrent, depuis lors, aucune attaque contra elle.

En 1502, la peste se manifesta dans cette ville où elle fit de grands ravages ; les guerres de religion y causèrent, plus tard, de nouvelles calamités, et la mirent, tour à tour, entra les mains des catholiques et des protestants. En 1569, Charles IX l’assiégea et la força à capituler. En 1575 et 1605, la peste se déclara de nouveau, et réduisit les habitants à la plus déplorable extrémité.

Après la mort d’Henri IV, de nouveaux troubles vinrent agiter l’Aunis et la Saintonge, et, le 29 mai 1621, Louis XIII mit le siège devant Saint-Jean-d’Angély ; ce siège, qui dura un mois, fut suivi de la reddition de la place. Le roi ordonna que les murailles et toutes les fortifications de la ville seraient rasées, et que les privilèges de toute nature accordés aux habitants seraient supprimés et abolis.

Saint-Jean-d’Angély mit longtemps à se relevé de ce désastre ; mais il n’eut plus de fortifications, et devint, à partir de la dite époque, une ville ouverte.

M. C. L. Saudau a écrit l’histoire de Saint-Jean-d’Angély d’après les archives de l’Échevinage.

Par sa communication avec la Charente, La Boutonne facilite l’exportation d’une grande quantité de marchandises et de denrées pour Rochefort, et l’importation des pierres de taille et autres objets d’approvisionnement, provenant de Saintes et de Saint-Savinien ; ces transports s’effectuent au moyen de bateaux, dits gabares, à un seul mât, et n’ayant qu’un faible tirant d’eau, lesquels viennent prendre leurs cargaisons ou les, débarquer dans un chenal situé à la partie supérieure du port, qui est formé au Sud-Ouest de la ville par un quai et un chantier de construction occupant toute sa longueur.

Saint-Jean-d’Angély fait un commerce considérable, consistant principalement dans l’exportation des vins et eaux-de-vie que produit son territoire ; il est le siège d’un tribunal de commerce et possède une très belle église, un hôpital, un temple et un collège. On y remarque la Tour de l’Horloge, autrefois Tour du Seing, du xve siècle, à créneaux et mâchicoulis, percée d’une arcade ogivale sous laquelle passe une des principales rues de la ville ; le Palais de Justice, deux Halles et un Marché-Couvert en fer, la fontaine du Pilori, dont le piédestal porte la date de 1546, et, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, la statue, en bronze, de Regnault de Saint-Jean-d’Angély, qui fut député aux États-Généraux, ministre et conseiller d’État, membre de l’Institut, procureur général près la Haute-Cour impériale, etc., et mourut à Paris le 12 mars 1819. Saint-Jean-d’Angély était sa patrie d’adoption. Cette ville a vu naître plusieurs hommes célèbres, notamment du Vigier, les frères Marchand, nés en 1724 et 1725 ; l’un s’est particulièrement distingué dans la médecine, l’autre dans l’astronomie ; le chirurgien Valentin, né en 1735, et le capitaine de vaisseau Tourneur, né en 1762, et qui, par son seul mérite, arriva à ce grade ; il était directeur du port de Rochefort lorsqu’il mourut en 1820.

Saint-Jean-d’Angély est desservi par une station du chemin de fer de Niort à Saintes.