Angoulême

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Angoulême. Iculisna, Ecolisna, Engolisma. Ville de France, capitale de l’ancien Angoumois, chef-lieu du département de la Charente, siège d’un évêché fondé vers 260, d’un tribunal de première instance, d’un tribunal de commerce, d’une société d’agriculture, arts et commerce, etc.

L’origine d’Angoulême remonte certainement à une haute antiquité, quoiqu’on ne soit pas d’accord sur le nom de son fondateur, et que des médailles, trouvées dans des fouilles, attestent seules son existence du temps des Romains. Il parait que cette ville était la capitale des peuples connus sous le nom d’Agésinates, et qui occupaient l’Augoumois ; elle passa de la domination des Romains sous celle des Wisigoths, qui la conservèrent jusqu’en 507, époque à laquelle Clovis s’en rendit maître, après la bataille de Vouillé. Ruinée par les Normands au neuvième siècle, rebâtie au siècle suivant, Angoulême resta ensuite pendant longtemps sous le poids de la tyrannie féodale. Réunie enfin à la couronne, elle fut cédée aux Anglais, après la bataille de Poitiers. Le patriotisme des habitants, qui refusèrent de recevoir les soldats étrangers, fut apprécié par Charles V ; et la ville, entre autres privilèges dont elle fut dotée, devint l’apanage des fils de France. Elle souffrit beaucoup pendant les guerres de religion, et fut assiégée, prise, saccagée plusieurs fois, notamment par les soldats de Coligny. — Angoulême appartenait alors à la seconde brandie de Valois, dont le chef avait titre de comte de cette ville, François Ier, issu de cette maison, érigea Angoulême et son territoire en duché, en 1515. Elle passa ensuite dans la maison de Guise, et fut réunie à la couronne en 1710, par la mort du dernier duc d’Angoulême. — Il s’y est tenu deux conciles, en 1118 et en 1170.

La ville d’Angoulême est bâtie sur une montagne hérissée de rochers, qui domine au loin tonte la contrée, et au bas de laquelle coule la Charente. Au pied de la montagne se trouve le faubourg de l’Houmeau, qui renferme à peu près un quart de la population. On monte à la ville par plusieurs rampes plus ou moins rapides. Cette situation, assez gênante pour les habitants, regagne en pittoresque ce qu’elle perd en commodité : du haut de la promenade en terrasse qui occupe l’emplacement des anciens murs, et qui est élevée d’environ cent mètres au-dessus du niveau de la plaine, l’œil embrasse un horizon des plus étendus, et jouit d’une des plus belles vues qu’il soit possible de trouver. La ville a la forme d’un ovale irrégulier ; elle se compose de deux parties bien distinctes, l’ancienne et la nouvelle ville : l’ancienne ville est généralement triste et laide, percée de rues étroites, tortueuses, bordées de constructions irrégulières. La nouvelle ville s’étend au midi sur un terrain dépendant du château ; les belles constructions dont ce terrain est couvert forment un quartier qui acquiert de jour en jour un accroissement rapide.

Parmi les édifices et établissements publics d’Angoulême, on remarque la cathédrale, dédiée à saint Pierre vers 370, ravagée une première fois par les barbares, reconstruite en 1120, pillée et dévastée de nouveau par les calvinistes en 1562 et en 1568 ; elle est regardée comme un des beaux types de l’architecture romane du douzième siècle ; l’église Saint-André ; le collège ; le château , dont la partie la plus ancienne est une grosse tour ronde, bâtie vers le milieu du douzième siècle ; la chapelle Saint-Gelais ; l’hôtel de la préfecture ; le palais de justice, de construction récente, où se trouve la bibliothèque, composée de quinze mille volumes ; l’hôtel de ville ; le cabinet d’histoire naturelle ; l’hôpital général ; l’Hôtel-Dieu. La promenade la plus belle et la plus fréquentée est le cours Napoléon ; la place Beaulieu forme aussi une promenade agréable ; la place du champ de Mars est très vaste et sert de champ de foire. Aux environs d’Angoulême se trouve l’important établissement de la poudrerie, situé à deux kilomètres de la ville, et la fonderie de Ruelle pour les canons de la marine.

C’est dans le faubourg de l’Houmeau que se fait le principal commerce d’Angoulême, favorisé par un beau port sur la Charente. Ce port sert d’entrepôt à toutes les denrées transportées par eau à Rochefort et dans le département, et au commerce de Bordeaux et de presque tout le midi. Le commerce proprement dit d’Angoulême consiste en grains, vins, eaux-de-vie, esprits, chanvre, lin, truffes, safran, épicerie, savons, merrain, liège, fer, cuivre, etc. Il y a des fabriques de serges, siamoises, minoteries ; de nombreuses et belles papeteries ; des filatures de laine et de coton ; des distilleries d’eau-de-vie ; des faïenceries, tuileries, chamoiseries.

Angoulême a vu naître dans ses murs : Marguerite de Valois, reine de Navarre, sœur de François Ier, auteur de l’Heptaméron, des Contes et Nouvelles, etc., née en 1492, morte en 1549 ; le poète Mellin de Saint-Gelais, né en 1491 ; Poltrot de Méré ; Ravaillac ; J. L. Guet de Balzac, un des restaurateurs de la langue française, mort en 1654 ; Vivien de Châteaubrun, poète dramatique, de l’Académie française, mort en 1775 ; le marquis René de Montalembert, célèbre ingénieur, de l’Académie des sciences, mort en 1800 ; J.-P. Maygrier, de l’Académie de médecine ; Ch.-A. Colomb, célèbre physicien et habile calculateur, mort en 1806.