Algérie

  • Encyclopédie de famille

Algérie, autrefois régence d’Alger, un des anciens États Barbaresques, soumise aujourd’hui à la puissance de la France, est bornée au nord par la Méditerranée, à l’ouest par l’empire de Maroc, à l’est par la régence de Tunis, au sud par le Sahara.

En 1861 on comptait en Algérie 112,229 Français, 80,517 étrangers, 358,760 Arabes des villes, 2,374,091 Arabes des tribus, 28,097 Juifs indigènes, 13,142 individus de population en bloc ; total, 2,966,836 âmes. Les corps de troupes faisant partie de l’armée d’Afrique ne figurent pas dans ces chiffres. Ne sont pas compris non plus dans le dénombrement des tribus 32,288 indigènes appartenant soit aux familles étrangères qui résident au sud de la division d’Alger, soit à l’agalik d’Ouargla. La population en bloc se compose du personnel des hôpitaux, des orphelinats, des lycées ou collèges, des pensionnats, des séminaires, des couvents, des prisons, et des Berranis ou indigènes venant de l’intérieur exercer temporairement quelque industrie dans le Tell. En tout l’Algérie posséderait 3,062,124 habitants.

La population de l’Algérie présente autant de groupes séparés que de nationalités distinctes, chaque groupe conservant ses aptitudes propres. Les Français ont l’esprit d’initiative, ils défrichent le sol, édifient les villes, quelques-uns ont suivi nos bataillons jusque dans le Sahara. Les Espagnols peuplent de préférence la province d’Oran, en souvenir sans doute de leur ancienne occupation de ces contrées. Les Mahonnais colonisent le Sahel ; ils s’occupent particulièrement des cultures maraîchères. Les Italiens et les Maltais, sobres, laborieux, acclimatés d’avance, initiés aux cultures locales, qui ne diffèrent point des leurs, habitent la province de Constantine. Les Allemands et les Suisses, habitués aux rudes travaux, fournissent aussi leurs bras à la grande culture. Les indigènes ont également, suivant leur race, des aptitudes spéciales : les Juifs font le commerce ; les Arabes du Tell et les Kabyles sont agriculteurs, ceux du Sahara, pasteurs ; les Berranis forment des corporations particulières ; le Kabyle est manœuvre, le Biskri portefaix, batelier ; le M’zabite, baigneur, boucher, petit marchand ; le nègre blanchit les maisons, etc. Un certain nombre d’Arabes se mettent, comme les Berranis, au service des Européens, et sont employés comme fermiers, vanneurs, garçons de ferme, carriers ou domestiques.

A la tête de l’administration de l’Algérie se trouve un gouverneur général nommé par l’empereur. Il commande les forces de terre et de mer en Algérie, nomme à la plupart des emplois, statue sur les affaires administratives, et prépare le budget de la colonie. Un sous-gouverneur, général de division, chef d’état-major, le supplée en cas d’absence. Il exerce les attributions civiles qui lui sont déléguées par le gouverneur général, et est charge de la direction politique et de la centralisation administrative des affaires arabes. Un secrétaire général du gouvernement s’occupe de l’expédition des affaires civiles. L’Algérie est divisée en trois provinces, ayant pour chefs-lieux Alger, Oran et Constantine. L’administration générale du territoire civil et du territoire militaire de chaque province est confiée au général commandant la division. Il dirige et contrôle les affaires civiles de la province, et surveille la presse. Il administre directement le territoire militaire. Le territoire civil est administré par un préfet, sous l’autorité du commandant de la province. Il surveille les services civils et financiers. Les sous-préfets relèvent directement du préfet, les commissaires civils relèvent du préfet ou du sous-préfet. Les préfets résident à Alger, Oran et Constantme. Blidah, Mostaganem, Bone, Philippeville, Médéah, Miliana, Mascara, Tlemcen, Guelma et Sétif, ont des souspréfets. Des maires et adjoints administrent les communes constituées. Ils doivent être français ou naturalisés français ; ils sont nommés par l’empereur ou par le gouverneur général, selon l’importance des communes. Un conseil du gouvernement est placé près du gouverneur général, qui le préside : il donne son avis sur les affaires qui intéressent le domaine, les concessions de mines, les forêts, etc. Un conseil supérieur, qui se réunit une fois par an, élaboré le budget et étudie les grandes questions d’intérêt général. Dans chaque province un conseil général se réunit chaque année au chef-lieu, discute le budget et émet des vœux. L’élément indigène entre au moins pour un quart dans ces conseils. Les israélites peuvent y avoir un membre. Un conseil municipal est institué dans chaque centre de population érigé en commune. Ce conseil, composé de Français, d’indigènes et d’étrangers, délibère sur le budget communal, sur l’administration des biens communaux, la répartition des pâturages, etc.