Arche de Noé

Arche de Noé. En hébreu Teba, grand bâtiment flottant, dans lequel, au rapport des livres juifs, la race de l’homme et celles des animaux furent conservées pendant le temps du déluge.

Tout ce qui concerne ce bâtiment miraculeux, à la réserve de son existence et de sa destination, est abandonné aux conjectures. Nous rapporterons succinctement les plus remarquables.

Selon Origène, saint Augustin et saint Grégoire, Noé employa cent ans à la construction de l’arche ; selon Salomon Jarchi, cent vingt ans ; selon Bérose, soixante-dix-huit ans ; selon Tanchuma, dans les petits chapitres de l’ancien Éliézer, cinquante-deux ans ; et enfin, selon les mahométans , deux ans seulement. L’arche, selon la Bible, était faite de bois de gopher ; les septante ont rendu ce nom par bois équarri ; Jonathas et Onkélos par kédros ; saint Jérôme par ligna levigata. Moïse donne à l’arche 300 coudées de longueur, 50 de largeur, et 30 de hauteur : les interprètes varient sur l’estimation de ces coudées : Origène et saint Augustin les évaluent à 6 coudées communes, ou 9 pieds ; Buteo, à un pied et demi ; Jean Lepelletier, à 20 pouces et demi. D’après celte dernière estimation, l’arche eût été de la contenance de 42,413 tonneaux de 42 pieds cubes : plus grande, par conséquent, que 40 de nos navires de mille tonneaux. Selon Origène, l’arche était de forme pyramidale ; Buteo et Lepelletier en font un parallélipipède rectangle. Moïse rapporte qu’elle était divisée en trois étages ; Origène lui en donne cinq ; Philon et Josèphe, Buteo et Lepelletier, quatre. Les interprètes sont encore moins d’accord sur la distribution intérieure de l’arche : sur ce point, nous nous contenterons de donner un aperçu du système le plus moderne et le plus estimé, qui est celui de Lepelletier de Rouen.

Selon cet auteur, il était nécessaire, pour deux raisons, que l’arche contint de l’eau douce : d’abord parce que, après s’être arrêtée, elle devait rester, pendant plusieurs mois, trop éloignée des eaux du déluge pour que set habitants pussent y atteindre, et ensuite parce que ces eaux, composées en grande partie de celles de la mer, devaient être impropres aux besoins de la vie. Il divise donc l’arche en quatre parties : le fond ou carène servait de réservoir aux eaux, et pouvait en contenir 31,174 muids , quantité plus que suffisante, d’après ses calculs, pour tous les besoins de l’arche. Le premier étage, haut de 7 coudées, servait de magasin ; le deuxième, haut de 8 coudées, renfermait trente six étables pour les quadrupèdes et pour les reptiles ; et le troisième, haut de 6 coudées et demie, était occupé par la famille de Noé, composée de huit personnes, et par les oiseaux. Le logement des hommes était à l’un des bouts, et sur les côtés se trouvaient trente-six volières pour les oiseaux , et dix-huit loges qui contenaient les provisions nécessaires aux habitants de cet étage. Des escaliers, des ouvertures, des cours, des dégagements, établissaient des communications faciles entre toutes les parties de cet immense bâtiment ; une fenêtre treillissée, d’une coudée de haut, régnait tout autour de l’arche, et donnait du jour aux deux étages supérieurs. La porte était placée à l’un des bouts de l’édifice.

On varie sur le nombre d’animaux renfermés dans l’arche : le texte de l’Écriture est équivoque sur ce point. Selon l’interprétation d’Origène, il dut y entrer sept paires des animaux purs, et deux paires des animaux impurs ; Josèphe, saint Augustin, saint Chrysostome, et les interprètes modernes, parmi lesquels Lepelletier, pensent que l’on doit entendre par les paroles de l’Écriture deux individus de chaque espèce impure, le mâle et la femelle, et sept de chaque espèce pure, tant mâles que femelles. On convient généralement que les espèces pures étaient celles qui servaient aux sacrifices.

L’Écriture rapporte que les animaux qui devaient être renfermés dans l’arche s’en approchèrent d’eux-mêmes, soit en vertu d’un instinct qui leur fut donné par Dieu, soit par le ministère des anges.

Plusieurs auteurs prétendent que l’arche fut entièrement construite par Noé, aidé seulement de ses trois fils ; d’autres pensent qu’il a dû se faire aider par des ouvriers, ce qui n’est contredit par aucune autorité.