Babylone

  • Encyclopédie de famille

Babylone, ville célèbre de l’antiquité. Les renseignements sur son origine et sa position sont extrêmement confus. On attribuait sa fondation au dieu Baal, puis à la reine Sémiramis, qui y employa deux millions d’ouvriers. Nabuchodonosor la fit rebâtir, et c’est à cette nouvelle ville que se rapporte la description que nous en donne Hérodote. Elle s’étendait sur les deux rives de l’Euphrate, en formant un carré, aux côtés duquel on assigne différentes longueurs. Elle était entourée d’une muraille haute de 200 coudées, large de 50, et pourvue, dit-on, de cinquante portes d’airain, nombre que Diodore porte à deux cent cinquante. Les deux parties de la ville étaient unies par un pont en pierres de taille rattachées par des crampons en fer et surmonté d’une toiture. La partie occidentale de la ville était la plus ancienne. C’est là qu’était situé le célèbre temple de Bélus ou de Baal, sans doute la tour de Babel. Un autre point important du côté occidental est l’amas de ruines appelé aujourd’hui el Moukallibé, désigné comme l’ancienne demeure des souverains de Babylonie. C’est dans la partie orientale que se trouvaient les jardins suspendus de Sémiramis, rangés autrefois parmi les merveilles de l’univers. On en voit aujourd’hui les débris dans le monceau de ruines appelé el Kasr.

Babylone souffrit de l’invasion et de la conquête des Perses. Ses murailles extérieures furent alors démolies, surtout quand Darius Ier, après un siège de deux années, nécessité par une révolte, s’en fut rendu maître de nouveau. Xerxès pilla le temple de Bélus, qui avait été respecté jusqu’alors. Bien que les rois de Perse eussent fixé leur résidence dans cette ville, ils ne firent rien pour la restaurer ; et Alexandre le Grand, qui à son entrée dans Babylone, en l’an 331 , promit aux habitants de reconstruire leur temple, ne put seulement pas en deux mois et à l’aide de dix mille ouvriers en enlever les décombres. Une fois qu’il fut mort lui-même dans le palais de Nabuchodonosor, et que Séleucie eut été fondée par Séleucus Nicator, la décadence de Babylone fut rapide et non interrompue. La ville nouvelle fut en grande partie construite avec les matériaux de l’ancienne. Dès l’époque de Pausanias il ne restait plus des ruines de Babylone que celles de ses murs. Les anciens géographes arabes font bien mention d’un bourg de Bâbil, mais ils ne disent rien des ruines qui s’y trouveraient amoncelées. Depuis Della Valle, qui, comme plus tard Rennel, prétendit reconnaître la tour de Bélus dans la ruine désignée sous le nom de al Moukallibé, l’antique Babylone a été l’objet d’un grand nombre de voyages et d’investigations. Rich et d’autres voient dans la petite ville de Hillah, sur la rive orientale de l’Euphrate, l’endroit où s’élevait jadis la cité des anciens. Rawlinson a voulu placer à Niffer le lieu où était autrefois située Babylone. L’exploration complète de Babylone a été accomplie de 1852 à 1854 par une expédition scientifique française. D’après M. Oppert, Babylone formait un carré de 25 kilomètres de côté, ce qui se rapproche de l’évaluation d’Hérodote (120 stades). Mais la ville elle-même, sur les ruines de laquelle s’élève Hillah, n’occupait qu’environ 20 kilomètres carres ; le reste était distribué en champs et en jardins, cultivés avec soin et alimentés par un système savant d’irrigation.

Il existe encore à Babylone de gigantesques constructions faites en briques séchées au four ; un pan de mur debout sur le Birs-Nimroud (la tour de Babel) jauge 1,000 mètres cubes ; il y a au Kasr, ou château royal, des constructions en briques d’une admirable régularité : ce sont les ruines de pylônes d’un palais. Une autre ruine importante consiste dans les restes d’un sanctuaire dédié à VénusUranie et construit par Nabuchodonosor. À quelques milles des monticules de sable où a été retrouvée Babylone est un tombeau qui, d’après la tradition, est celui d’Ézéchiel ; il est peu remarquable et, en tous cas, parait postérieur à la mort du prophète. On doit à M. Delaporte l’exploration d’une sépulture babylonienne qu’il a découverte en 1863 sous un de ces monticules. C’est une chambre rectangulaire à parois en briques, pavée également en briques liées avec de la chaux et du bitume et garnie de banquettes en pierres adossées au mur.

Ce fut sous le règne de Nabuchodonosor qu’eut lieu la captivité de Babylone. Sédécias, roi de Juda, s’était liçué avec le roi d’Égypte contre la domination babylonienne ; mais bientôt Nabuchodonosor parut sous les murs de Jérusalem, à la tête d’une formidable armée, et s’empara de cette ville, l’an 588 avant J.-C. Sédécias eut les yeux crevés, et le vainqueur envoya avec lui la partie la plus considérable de Juda en exil en Babylonie. Cet exil dura cinquante-six ans. La situation des exilés était tolérable. La plupart d’entre eux se fixèrent dans les localités où on les avait placés, y acquirent des propriétés et même de la richesse ; plusieurs furent admis, à la cour, et nommés à des emplois importants. On leur laissa leurs lois et leurs usages, et ils continuèrent à observer les préceptes de Moïse. Ils avaient d’ailleurs leur propre chef et le libre exercice de leur culte. Ce fut au milieu d’eux cpi’Ézéchiel éleva sa puissante voix prophetique. Quand, en l’année 538, Cyrus eut détruit l’empire de Babylone, il permit aux Juifs de s’en retourner dans leur terre natale, la Palestine. Mais il n’y eut que deux tribus, celles de Lévi et de Benjamin, qui profitèrent de cette autorisation : les dix autres disparaissent complètement de l’histoire depuis l’exil.