Alsace

  • Encyclopédie de famille

Alsace, grande et belle province de France, qui comprend aujourd’hui les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Elle était bornée à l’ouest par les Vosges, qui la séparaient de la Lorraine, au sud-ouest par les principautés de Porentruy et de Montbéliard, au sud par le canton de Bâle, à l’est par le Rhin, qui la séparait du Brisgau et de l’Ortenau, et au nord par la Bavière rhénane et l’évêché de Spire. L’Alsace était l’ancienne patrie des Triboques, des Séquaniens, des Rauraques et des Médiomatrices. Ce ne fut qu’au septième siècle qu’Argentorat, sa capitale, prit le nom de Strasbourg. Conquise sur les Celtes par les Romains, elle passa sous la domination des Allemands, et devint un des trophées de la victoire que Clovis remporta sur eux à Tolbiac en 496. Incorporée au royaume d’Austrasie, elle prit alors le nom d’Alsace. Les rois francs avaient formé de l’Allemagne et de l’Alsace une seule province, dont ils confièrent le commandement et l’administration à un duc. Mais vers le milieu du septième siècle, l’Alsace fut séparée de l’Allemagne, et eut un duc particulier. Elle fit partie du royaume de Lorraine en 895, puis, réunie au duché de Souabe en 925, elle appartint au royaume de Germanie. Ses ducs étaient des officiers amovibles et révocables à la volonté des rois francs, puis des empereurs d’Allemagne. Leurs successeurs furent héréditaires, possesseurs de l’Alsace et souverains dans leur gouvernement. Le dernier duc d’Alsace, Conrad V ou Conradin de Hohenstaufen, périt à Naples sur un échafaud, le 29 octobre 1268, à l’âge de dix-sept ans.

Lors de l’établissement du gouvernement ducal en Alsace, deux comtes provinciaux (landgraves) furent adjoints aux ducs pour administrer la justice et les deniers publics. Peu à peu ces simples magistratures devinrent aussi héréditaires, et à l’extinction des ducs, les comtes ou landgraves étaient déjà en possession des droits régaliens. Le landgraviat supérieur, ou haute Alsace (Sudgau), avait pour capitale Colmar ; Strasbourg l’était du landgraviat inférieur, ou basse Alsace (Nord-gau). Rodebert, qui vivait en 678, est le premier connu des comtes bénéficiaires de la haute Alsace. Ce comté devint héréditaire dans la maison de Habsbourg à partir d’Othon II, comte d’Alsace en 1090. Ses descendants, archiducs d’Autriche, rois de Bohème et de Hongrie et empereurs d’Allemagne, ont porté le titre de landgraves d’Alsace jusqu’à la paix de Munster, en 1648, qui assura à la France la possession des deux landgraviats de haute et basse Alsace. Ce dernier comté fut possédé presque héréditairement dès l’origine, quoiqu’à titre bénéficiaire, par différents princes. Un traité, ratifié en 1393, le transporta aux évêques de Strasbourg, qui depuis ce temps ajoutaient à leur titre celui de landgraves d’Alsace.

Un siècle avant l’extinction de la dignité ducale en Alsace, les empereurs d’Allemagne faisaient gouverner en leur nom les terres immédiates qu’ils possédaient dans cette province, par des officiers nommés landvogts, espèce de préfets toujours choisis parmi les plus grandes familles. Nos rois ont conserve ce titre après la cession de l’Alsace à la France, et le duc de Choiseul en était titulaire en 1780. Ensisheim était le chef-lieu des possessions autrichiennes dans cette province.