Alains

  • Encyclopédie de famille

Alains. Les Alains, peuple de race scythique, habitaient dans l’origine entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne. Ils étendirent leurs conquêtes depuis le Volga jusqu’au Tanaïs, pénétrèrent au nord jusque dans la Sibérie, et poussèrent au sud leurs incursions jusqu’aux frontières de la Perse et de l’Inde. Ils étaient moins basanés que le reste des Tartares, moins difformes et moins sauvages que les Huns, sans leur rien céder du côté de la bravoure. Passionnés pour la liberté, les Alains ne plaçaient la gloire et la félicité du genre humain que dans le pillage et les combats. Un cimeterre nu, fiché en terre, était l’objet de leur culte. Leurs forces militaires, comme celles de presque tous les Tartares, se composaient d’une nombreuse cavalerie ; ils caparaçonnaient leurs chevaux avec les crânes de leurs ennemis, et méprisaient, dit Jornandès, les guerriers pusillanimes qui attendaient patiemment les infirmités de l’âge, ou qui souffraient les douleurs d’une longue maladie. Aussi, dans ce déluge de hordes barbares qui, vers le cinquième siècle, inondèrent le monde civilisé, les Alains se montrèrent-ils les plus cruels et les plus sanguinaires.

L’an 73 de J.-C., ayant franchi le Caucase, ils se jetèrent sur la Médie, et la dévastèrent. Ils furent moins heureux sous le règne d’Adrien, et éprouvèrent une grande défaite en 130. Vers l’an 276 ils recommencèrent leurs incursions dans l’empire Romain. Peu de temps avant sa mort, l’empereur Aurélien, se disposant à aller porter une seconde fois la guerre en Orient, fit avec eux un traité par lequel ils promirent d’envahir la Perse avec un corps nombreux de cavalerie. Ils exécutèrent fidèlement leurs engagements ; mais, la mort de l’empereur ayant fait abandonner le projet de la guerre contre les Perses, on ne tint pas les promesses qu’on leur avait faites : pour se venger, ils envahirent l’empire, et se rendirent maîtres en peu de temps des provinces de Pont, de Cappadoce, de Cilicie et de Galatie. Le successeur d’Aurélien, l’empereur Tacite, voulant à tout prix délivrer ses États des barbares qui les désolaient, s’empressa de remplir les engagements de son prédécesseur, et les Alains, satisfaits de cette démarche, se retirèrent pour la plupart dans leurs déserts, au delà du Phase. Quelques-unes de leurs tribus, qui se refusèrent à cette transaction, furent exterminées, vers l’an 376. Le pays des Alains fut envahi par les Huns, venus des frontières de la Chine ; et les Alains, vaincus après une longue résistance, quittèrent de nouveau leurs retraites. Quelques tribus se réfugièrent dans les montagnes du Caucase, où elles conservèrent leur nom et leur indépendance. D’autres s’avancèrent jusqu’à la mer Baltique, et s’associèrent aux tribus septentrionales de l’Allemagne ; mais la plus grande partie de la nation accepta l’alliance qui lui fut offerte par les vainqueurs, et se réunit à eux pour envahir l’empire, des Goths.

À partir de cette époque, les Alains n’occupent plus dans l’histoire des peuples barbares qu’un rang secondaire. Plusieurs tribus faisaient partie de l’armée de Radagaise, lorsqu’il envahit l’Italie en 406 ; mais le corps de la nation s’était alors confédéré avec les Suèves, les Vandales et les Bourguignons. Quelques tribus étaient aussi au service de l’empire. Après la défaite et la mort de Radagaise, les quatre nations confédérées, échelonnées entre les Alpes et le Danube, rebroussèrent chemin vers la Germanie occidentale, dans le dessein de se rejeter sur la Gaule. Les Francs Ripuaires essayèrent en vain de défendre cette barrière ; ils furent mis en déroute par l’impétueuse cavalerie des Alains. Le 31 décembre 406, le Rhin fut forcé près de Mayence, et pendant plus de deux ans la Gaule fut ravagée par ces barbares. En 409, à l’exception des Bourguignons, qui s’étaient détachés de la confédération, les alliés abandonnèrent les provinces dévastées de la Gaule, et le 13 octobre ils franchirent les Pyrénées, appelés par Gérontius, qui leur fit embrasser la cause du tyran Maxime. L’Espagne se vit ainsi tout à coup envahie par les Suèves, les Alains et les Vandales. Les Visigoths passèrent à leur tour les Pyrénées, et dans les combats qu’ils y livrèrent aux autres barbares, sous la conduite de Wallia, la nation des Alains fut presque anéantie ; ses débris se fondirent dans celle des Vandales, dont ils suivirent depuis la fortune.