Dauphiné

  • Dictionnaire infernal

Dauphiné, ancienne province de France qui, dès le quatorzième siècle, attaquée dans sa foi, ainsi que les Cévennes, par diverses bandes hérétiques, accueillit rapidement le calvinisme, et lors de la révocation de l’édit de Nantes, devint le théâtre de phénomènes extraordinaires où se glissa vite la magie. Il s’éleva là des écoles de prophètes, qui, dans des extases et des transports, disaient et faisaient des choses tout à fait excentriques. En nommé Serre ou Duserre était le gouverneur et le maître de l’école de prophétie. Quelques-uns de ses élèves se firent un nom, entre autres Gabriel Astier et une jeune fille (car il y avait prophètes et prophétesses) nommée Isabelle, connue sous le nom de la belle Isabeau. Des ministres protestants se mêlaient à cet ébranlement ; Jurieu lui-même prophétisa. Il fallut envoyer des troupes pour abattre cette tempête qui devenait menaçante. Isabeau, se convertit ; et la répression, que les réformés ont fort noircie, se fit avec modération[1]. On a appelé ces singuliers rebelles camisards, à cause de leur manière de se reconnaître dans leurs réunions secrètes : ils se mettaient une chemise par-dessus leurs habits.

1.

Voyez, dans les Légendes infernales, les Prophètes du Dauphiné. M. Hippolyte Blanc a donné récemment une curieuse et très-intéressante histoire de ces faits, sous ce titre : De l’inspiration des camisards, in-12, 1860, à Paris, chez Henri Plon.