Amulette

  • Encyclopédie de famille

Amulette, préservatif imaginaire quelconque, auquel la crédulité ou la superstition attribue la puissance d’écarter les dangers, les sortilèges ou les maladies. Les sauvages américains, les nègres, les insulaires de la mer du Sud, ont leurs amulettes, consistant en quelques pierres taillées et polies, en un morceau d’or, un fruit sec, une représentation grossière d’homme, de divinité, ou dans certains caractères magiques ou mystiques. Les fétiches, les grigris des nègres, les manitous des sauvages du nord de l’Amérique, les papiers mystérieux des Chinois, la plupart des dieux de l’ancien paganisme, ceux que le lamisme et le bouddhisme, dans les Indes, le Thibet, la Tartarie, proposent à l’adoration des peuples, les anneaux magiques, et mille autres objets que les curieux amassent dans leurs collections, sont aussi de prétendus préservatifs. Tous les peuples ont usé d’amulettes. Il y en a eu non-seulement parmi les Égyptiens, mais parmi les Hébreux, les Grecs, les Romains, parmi tous les peuples de l’antiquité, parmi les chrétiens, parmi les mahométans.

Les amulettes sont tantôt des figurines, tantôt des pierres gravées, des morceaux d’étoffe, de parchemin ou de papier ; tantôt des plantes, souvent vénéneuses ; des parties d’animaux, telles que griffes, yeux, morceaux de peau, etc. Chez les Égyptiens, des scarabées couverts d’hiéroglyphes ou des ibis étaient les amulettes le plus en usage. Les Grecs portaient sur eux des plaques ou tablettes avec des inscriptions relatives au culte de la Diane d’Éphèse, et les Romains suspendaient à leur cou de petites idoles. Au moyen âge, l’astrologie multiplia les amulettes ; la magie lui prêta secours. On recommanda certains mots cabalistiques, certaines empreintes de constellations, des herbes cueillies suivant certaines indications, des membres d’oiseau, des peaux de reptiles, de la salamandre, etc. Un amulette très recherché était la pierre alectorienne, qui se formait, disait-on, dans l’estomac des poules. Les abraxas, que l’on trouve dans la plupart des cabinets d’antiques, étaient de véritables amulettes. On a aussi regardé. comme des abraxas des pierres portant différents signes mystiques inexpliqués qui servaient d amulettes à quelques-unes des nombreuses sectes d’Égypte. Carda a enregistre sans paraître y croire beaucoup les vertus de dix-neuf pierres : le hyacint préserve du tonnerre, de la peste et fait dormir ; la turquoise préserve des chutes, etc. Les Assyriens avaient de nombreux amulettes auxquels ils attribuaient diverses vertus. La plus grande partie de ceux qui ont été retrouvés sont de petites pierres ayant la couleur et l’apparence générale de l’hématite, et auxquelles les Babyloniens accordaient la vertu d’arrêter les hémorragies.

Les amulettes jouent un rôle très important parmi les pratiques religieuses des nègres de la Guinée, du Soudan et de la Sénégambie. Il y en a chez eux de toute nature et de toute vertu. Tantôt c’est uu morceau de papier contenant un verset du Coran, tantôt un morceau d’étoffe, quelque racine ou écorce, du charbon et même de la terre. Ordinairement on l’enveloppe dans un linge où dans du cuir. Tel amulette prémunit contre la morsure du serpent ou contre l’attaque d’un animal, tel autre rend invulnérable, guérit des maladies et préserve des malheurs.

On trouve encore en Algérie et dans tout l’Orient des marabouts ou de saints talebs qui écrivent suivant la tradition des versets du Coran sur du papier ou de l’étoffe que l’on l’enferme dans un sachet, ou que l’on suspend au cou des malades pour obtenir leur guérison. Un Turc attache à la doublure de son doliman des versets du Coran, et le juif se munit prudemment en voyage de phylactères ou maximes de l’Ancien Testament pour échapper aux voleurs. Beaucoup de nos pratiques, faussées par la superstition, rappellent encore les amulettes.