Abraxas

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Abraxas. On désigne par ce nom toutes les pierres gravées qui proviennent, des sectes gnostiques, pierres qu’on nomme aussi basilidiennes. Ces deux acceptions sont, au reste, également impropres : la première, parce que le nom d’Abraxas, bien que se rencontrant sur un assez grand nombre de pierres gnostiques, n’indique en rien leur signification ; la seconde, par la raison que ces pierres sont loin d’appartenir toutes à la secte de Basilide. Au reste, comme le sens mystique attribué au mot Abraxas avait pris naissance chez les basilidiens, ces deux dénominations, tout inexactes qu’elles sont, n’offrent cependant aucune contradiction entre elles.

Le mot Abraxas exprimait, chez les gnostiques, le nombre trois cent soixante-cinq écrit en lettres grecques. Il signifiait pour eux le dieu manifesté ou l’ensemble des manifestations émanées du dieu suprême, car dans leur doctrine, trois cent soixante-cinq intelligences formaient le plérome, c’est à-dire la plénitude des intelligences supérieures.

Le mot Abraxas a été l’objet de beaucoup de discussions : les savants ont avancé force hypothèses, pour lui trouver une étymologie et un sens. Il règne encore trop d’incertitude à cet égard, pour que nous croyions nécessaire d’exposer les différents systèmes qu’on a cherché à faire prévaloir.

Les pierres basilidiennes considérées en elles-mêmes sont fort imparfaitement connues. Macarius, Chifflet, Montfaucon n’ont pas été heureux dans leurs efforts. MM. Munter, Bellermann Kopp, et surtout M. Matter, ont jeté plus de jour sur cette branche si obscure de la glyptique. Le dernier a fait voir que l’on avait souvent mal à propos confondu des monuments basilidiens avec des pierres qui appartiennent à d’autres doctrines, soit asiatiques, soit grecques, soit égyptiennes.

Les inscriptions tracées sur les abraxas sont extrêmement difficiles à déchiffrer ; ce sont très fréquemment des mots composés de radicaux tirés de l’hébreu, du grec, du copte, du syriaque, ce sont même parfois des mots qui paraissent entièrement forgés ; les sujets représentés offrent un caractère incontestablement astronomico-symbolique, ou bien ce sont des figures panthées, symboliques, analogues à celles que les anciens Égyptiens donnaient à leurs divinités. Nous citerons d’abord, entre autres sujets gravés souvent sur ces pierres, le génie à tête de coq ayant des serpents pour jambes ; ce génie panthée tient un fouet à la main ; puis le serpent à tête de lion ou de chien, entourée d’une auréole, et désigné habituellement par le nom de chnoubis. Cette dernière figure, qui paraît être celle de l’agatho-démon ou dieu sauveur, appartient à la doctrine des ophites.

Quant à la question de savoir quel a pu être l’usage des abraxas, il est infiniment probable qu’ils ont servi d’amulettes on de talismans comme les cylindres persépolitains. Tous les symboles dont le sens est connu, toutes les inscriptions que l’on a pu déchiffrer, portent à croire que ces pierres ont eu pour but de procurer à leurs possesseurs la protection dès intelligences du plérome céleste et celui de les préserver de la colère ou de la séduction des esprits malintentionnés.

Bellermann, Ueber die German der Alten mit dem Abraxasbilde, p. 46 et iv.

Münter, Kirchliche Alterthümer der Gnostiker, p. 215 et 19.

Kirchliche, Alterthümer der Gnostiker, anspach, 1790, in 12o

Matter, Histoire critique du gnosticisme, 2e édit. 1844, in-8o ; tom. I.

On trouvera des représentations et des descriptions d’abraxas dans la plupart des collections de pierres gravées, telles que celles de Stosch, Passeri, Bartolus, Lippert, Ficornus, Ebermayer, l’Atlas de la 1re édit. de l’histoire de Matter, etc., etc.