Nécromancie

  • Dictionnaire infernal

Nécromancie, art d’évoquer les morts ou de deviner les choses futures par l’inspection des cadavres. (Voyez : Anthropomancie, Érichtho, etc).

Il y avait à Séville, à Tolède et à Salamanque des écoles publiques de nécromancie dans de profondes cavernes, dont la grande Isabelle fit murer les entrées. Pour prévenir les superstitions de l’évocation des mânes et de tout ce qui a pris le nom de nécromancie, Moïse avait fait de sages défenses aux Juifs. Isaïe condamne également ceux qui demandent aux morts ce qui intéresse les vivants et ceux qui dorment sur les tombeaux pour avoir des rêves. C’est même pour obvier aux abus de la nécromancie répandue en Orient que chez le peuple israélite celui qui avait touché un mort était impur. Cette divination était en usage chez les Grecs et surtout chez les Thessaliens ; ils arrosaient de sang chaud un cadavre, et ils prétendaient ensuite en recevoir des réponses certaines sur l’avenir. Ceux qui consultaient le mort devaient auparavant avoir fait les expiations prescrites par le magicien qui présidait à cette cérémonie, et surtout avoir apaisé par quelques sacrifices les mânes du défunt : sans ces préparatifs, le défunt demeurait sourd à toutes les questions. Les Syriens se servaient aussi de cette divination, et voici comment ils s’y prenaient : ils tuaient de jeunes enfants en leur tordant le cou, leur coupaient la tête, qu’ils salaient et embaumaient, puis gravaient sur une lame ou sur une plaque d’or le nom de l’esprit malin pour lequel ils avaient fait ce sacrifice ; ils plaçaient la tête sur cette plaque, l’entouraient de cierges, adoraient cette sorte d’idole et en tiraient des réponses[1]. (Voyez : Magie).

Les rois idolâtres d’Israël et de Juda se livrèrent à la nécromancie. Saül y eut recours lorsqu’il voulut consulter l’ombre de Samuel. L’Église a toujours condamné ces abominations. Lorsque Constantin, devenu chrétien, permit encore aux païens de consulter leurs augures, pourvu que ce fût au grand jour, il ne toléra ni la magie noire ni la nécromancie. Julien se livrait à cette pratique exécrable.

Il restait, au moyen âge, quelques traces de la nécromancie dans l’épreuve du cercueil.

1.

Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. V, p. 544.