Alger

  • Encyclopédie de famille

Alger. Cette ville, que les Arabes appellent al Djézaïr (l’Île), et qui paraît occuper la place de l’antique Icosium, est bâtie en amphithéâtre, sur une colline, dont elle occupe tout le penchant qui fait face à la mer. Elle a ainsi la forme d’un triangle dont le plus grand côté, lui servant de base, s’appuie sur le rivage, et au sommet duquel se trouve la Casbah, ou citadelle. Ses maisons, blanchies et terminées par des terrasses, offrent une masse non interrompue qui s’aperçoit à une grande distance en mer. On compte à Alger 46,168 habitants, dont 14,288 français, 12,437 étrangers, 5,973 israélites, 9,019 indigènes musulmans, 4,451 personnes dans les hôpitaux, le lycée et le collège, les prisons, etc., non compris les troupes. Avec sa banlieue Alger compte 58,315 habitants, dont 10,616 musulmans indigènes.

L’ancienne rade d’Alger était ouverte aux vents du large ; la petite darse qui formait le port avait été construite à l’extrémité ouest et à l’entrée de cette rade. Sa fondation remonte à l’an 1350. Elle est l’ouvrage de Khaïr-Eddin, frère de Barberousse, qui, s’étant rendu maître d’un petit îlot situé en face de la Ville, sur lequel les Espagnols avaient une forteresse, résolut de la réunir à la ville au moyen d’une jetée qu’on nomme la jetée Khaïr-Eddin. Indépendamment de cette jetée, on en a construit une seconde, parallèle à la direction de l’île, et qui couvre le port des vents de l’est : c’est celle que l’on nomme le Môle. Ces deux jetées, avec le petit môle du Lazaret, formaient l’enceinte de la darse. Depuis 1836 on a entrepris de grands travaux pour agrandir ce port. Au moyen d’énormes blocs de béton on a prolongé une jetée en avant du môle, qui doit garantir les navires dés vents du large et les défendre au besoin contre les entreprises de l’ennemi.

Le palais du gouverneur est un hôtel successivement agrandi et embelli. La cathédrale d’Alger, sous l’invocation de Saint-Philippe, est une ancienne et fort jolie mosquée qui a été agrandie dans le style mauresque. Une maison mauresque est affectée à l’archevêché d’Alger. Le temple protestant, commencé en 1843, a été achevé en 1845. Alger possède en outre quatre grandes mosquées et une trentaine de petites, deux grandes synagogues et douze petites.

L’hospice civil est établi dans l’ancienne caserne des janissaires de Kharratine. En 1831 on établit l’hôpital de la Salpêtrière hors de la porte de Bab-el-Oued ; en 1832 l’hôpital du Dey a été formé également de bâtiments maures dans le même faubourg. Depuis, ces deux établissements ont été augmentés et améliorés. Le lazaret, construction remarquable, commencé en 1840, a été terminé en 1843. La bibliothèque et le musée sont installés dans la maison dite de Mustapha-Pacha, palais qui a conservé le caractère le plus pur de l’architecture mauresque. Le lycée est installé dans une ancienne caserne de janissaires ; le collège arabe-français occupe une maison de construction nouvelle sur la place d’Isly, en face la statue du maréchal Bugeaud. Les aqueducs qui alimentent Alger sont au nombre de quatre, fournissant ensemble un volume de 23,880 hectolitres par vingt-quatre heures.

La pépinière du gouvernement, située à Hamma, a beaucoup contribué à l’acclimatation des plantes exotiques en Algérie, et sert également à préparer la naturalisation de végétaux pour la métropole. Enfin la douceur du climat doit un jour attirer un grand nombre d’étrangers à Alger en hiver.