Açores

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Açores. Archipel de l’Océan Atlantique, situé à 280 lieues de la côte occidentale de l’Europe. Il s’étend de 37° à 39°45’de latitude nord, et de 25°21’ à 31°21’ de longitude ouest. Il est composé de neuf îles placées du sud-est au nord-ouest et formant trois groupes ; savoir Saint-Michel et Sainte-Marie à l’est ; Terceira, Pica, Fayal, Graciosa et Saint-George, plus à l’ouest et au centre ; enfin, plus au nord-ouest, Florès et Corvo.

L’aspect général des Açores indique une origine volcanique. On n’aperçoit que des rochers qui ont subi l’action du feu, des pierres ponces, des laves, des scories, des cratères de volcans éteints, des cavernes remplies de soufre et de stalactites vitrifiées. Le sol est souvent fendu par de larges crevasses. Les côtes sont généralement escarpées. Toutes ces îles sont hérissées de montagnes ; le pic qui s’élève à 1250 toises au-dessus du niveau de la mer, et qui a donné son nom à l’île où il est situé, est le plus haut de l’archipel. Les sources minérales et thermales sont nombreuses dans les Açores ; on y rencontre plusieurs lacs.

La mer qui l’entoure renferme probablement plus d’un volcan, semblable à ceux qui ont existé sur la terre ferme ; celle-ci n’en a que deux, l’un à Saint-George, l’autre à Pico : leurs éruptions ne sont pas fréquences. Les volcans souterrains, au contraire, avertissent plus souvent de leur existence. À la suite d’un tremblement de terre, qui, en 1757, bouleversa Saint-George, on vit sortir dix-huit îles de la mer à 300 toises de la côte. En 1638, en 1720, en 1811, des îles, se sont élevées du sein des eaux dans les parages voisins de Saint-Michel. Leur apparition fut précédée de tremblements de terre, la mer bouillonna avec violence ; une colonne de feu, de fumée, de cendre et de pierres ponces, s’élança dans les airs ; enfin on aperçut un îlot. Quelques mois après la mer engloutit l’île nouvelle.

Malgré les tremblements de terre et les violents coups de vent auxquels les Açores sont sujettes, leur séjour est agréable. L’air y est sain et la température plus douce que dans les pays de l’Europe situés sous la même latitude. La chaleur de l’été est tempérée par les brises de mer ; l’hiver n’est marqué que par un temps couvert, des pluies et des ouragans. Rarement la neige et la glace se montrent sur les plus hautes montagnes. Le sol, quoique peu profond, est fertile et généralement bien arrosé par des ruisseaux limpides. Le hêtre, le chêne, le myrte et d’autres arbres y font l’ornement des forêts. On y cultive également les plantes de la zone tempérée et une partie de celles de la zone torride. Quelques arbres fruitiers de l’Europe n’y ont pas réussi, mais les olives, les figues, les oranges, les citrons, le raisin, y abondent. Plusieurs de ces fruits et le vin forment une branche considérable de commerce. Le grain suffit à la consommation des habitants, et on en exporte, ainsi que du bétail, de la volaille, de l’orseille et de grosses toiles. La mer, autour de cet archipel, est très poissonneuse. Autrefois on y faisait même la pêche de la baleine.

Cet archipel appartient au Portugal. Le gouverneur général réside dans la ville d’Angra, capitale de Terceira, qui a le meilleur port de ces îles. Leur population s’élève à 200,000 âmes. Les habitants sont tous blancs, à l’exception d’un petit nombre de nègres employés comme domestiques. Les hommes sont grands, bien faits, robustes, d’une physionomie agréable. Les femmes sont plus petites, ont l’air enjoué, les yeux vifs et la voix douce. Les Açoriens sont actifs et laborieux ; mais ils manquent de moyens d instruction et leur ignorance est grande. On leur reproche du goût pour la chicane. Les moines, très nombreux, jouissent de beaucoup de crédit.

Les Açores ont pu fournir des colons au Brésil et même à quelques provinces du Portugal, où ils se distinguent par leur ardeur pour le travail. Cette qualité ne brille pas chez les Morgados ou propriétaires de biens substitués, qui forment dans l’archipel une classe distincte ; elle a peu de commerce avec les autres. Riche, mais négligé à l’excès dans ses vêtements, et laissant l’intérieur de sa maison dans un dénûment honteux, le Morgado borne ses jouissances à dormir, à manger et à amasser ; il enfouit la plus grande partie de son revenu ; ce n’est qu’à l’instant de sa mort qu’il découvre à son héritier le lieu où il a caché son trésor. Presque toujours dépourvu d’éducation, il laisse aussi ses enfants croupir dans l’ignorance.

L’histoire de la découverte des Açores est enveloppée de beaucoup d’obscurité. On les voit figurées sur des cartes manuscrites du quatorzième siècle ; ainsi dès cette époque elles étaient confusément connues, entre autres Corvo et Saint-George. Ce fut en 1432 que Gonzalo-Velho Cabral aborda l’île Sainte-Marie ; les autres furent trouvées successivement jusqu’en 1450. On les prit d’abord pour les Antilles, ou îles en avant des Indes de Marco Polo. Elles étaient inhabitées. Elles commencèrent à être peuplées en 1449. En 1466, la duchesse de Bourgogne y envoya une colonie de Flamands, ce qui leur a fait donner par quelques auteurs le nom d’Iles Flamandes ; les Anglais leur appliquent celui de Western Islands (Iles-Occidentales).

On prétend que les premiers colons trouvèrent dans l’île de Corvo une statue équestre, qui, selon les uns, avait le doigt dirigé vers l’ouest, et selon d’autres, faisait signe aux voyageurs de retourner sur leurs pas. On ajoute que la vue de cette statue enhardit Christophe Colomb à tenter la découverte qui a immortalisé son nom.