Bruges

  • Géographie et Histoire
  • A. d’Héricourt
  • Encyclopédie moderne

Bruges. Ville de Belgique, bâtie sur le bord d’une rivière autrefois navigable, mais si complètement absorbée par les canaux creusés sur son passage qu’elle est maintenant inconnue aux géographes, et n’a gardé son nom que dans l’intérieur de la cité : c’est la Roye, en latin Roya ; elle prenait sa source aux environs de Thielt, et allait se jeter dans la mer près de l’Écluse.

L’origine de Bruges paraît remonter au septième siècle ; mais, quoiqu’à cette époque elle ait eu le titre de ville, on ne peut déterminer son étendue, ni le nombre de ses habitants. Pour avoir quelques détails précis à cet égard, nous devons arriver à la fin du neuvième siècle, quelques années avant l’érection de la Flandre en comté. Baudouin, que sa bravoure fit surnommer Bras de fer, enleva Judith, fille du roi de France ; et une guerre faillit s’ensuivre entre le suzerain elle vassal. Baudouin II, second comte de Flandre, augmenta les fortifications de Bruges. Baudouin le Jeune, quatrième comte de Flandre, accrut l’enceinte de la ville et lui donna une grande importance en y établissant des foires ou marchés publics. Vers la fin de ce siècle (dixième), le comte Baudouin IV créa à Bruges treize échevins et plusieurs conseillers, et leur accorda le privilège d’élire chaque année un bourgmestre. C’est pendant l’administration de ce comte qu’une peste cruelle ravagea la ville de Bruges et lui enleva plus de 12,000 personnes. En 1126, le froid ella famine sévirent à leur tour, et Charles, surnommé le Bon Comte, déploya alors une charité princière.

Jusqu’en 1224, les comtes de Flandre n’avaient possédé que la ville de Bruges ; mais Jeanne, qui, pendant la captivité de Ferrand, son mari, était demeurée en Flandre en qualité de comtesse, acheta du châtelain Jean de Nesle la Châtellenie ou le Franc de Bruges. La comtesse Marguerite, qui avait succédé à Jeanne, accorda, en 1274, le droit de battre monnaie à un habitant de Bruges nommé Claeys Deckin. Ce bail est le premier, disent les historiens, que l’on puisse citer en Flandre. Peu d’années après (1280), un incendie terrible dévasta la ville de Bruges ; les halles, ainsi qu’une partie de la tour où étaient les privilèges, furent entièrement consumées. Les habitants prièrent alors le comte Gui de Dampierre de leur accorder de nouvelles chartes ; mais celui-ci refusa, et les Brugeois prirent les armes.