Albâtre

  • Minéralogie
  • J. Huot
  • Encyclopédie moderne

Albâtre. Nom donné communément, suivant la nomenclature du célèbre Haüy, à la chaux sulfatée compacte, appelée aussi albâtre gypseux. Cette variété de chaux se trouve en masses considérables dans les terrains primitifs, tels que ceux auxquels appartient la chaîne des Alpes ; cependant on la rencontre communément dans les terrains calcaires de troisième formation : les carrières de Lagny en fournissent une belle variété ; elle est translucide, d’un grain fin et serré, et susceptible de recevoir un beau poli. Cette substance, très tendre, étincelle quelquefois sous le briquet, ce qui est dû alors à la présence de quelques parties de silice. Cet albâtre, dont la blancheur éclatante a passé en proverbe, est employé en Italie à divers objets d’art et d’ornement : on l’exploite en Toscane, et c’est à Florence que, sous le ciseau du statuaire, il prend les formes les plus variées et les plus élégantes.

Le nom d’albâtre appartient principalement à une chaux carbonatée concrétionnée ou albâtre calcaire, auquel on donne l’épithète d’oriental lorsque ses couleurs sont vives et brillantes. Il est légèrement translucide sur ses bords. Il diffère autant du précédent par ses caractères extérieurs que par sa composition chimique. Le premier est composé de 32 parties de chaux, de 46 d’acide sulfurique, et de 22 d’eau ; le second donne à l’analyse 55 parties de chaux, 34 d’acide carbonique, et 11 d’eau.

Sa formation est due aux suintements d’une eau qui, après avoir traversé la chaux carbonatée et en avoir dissous quelques parties, arrive à une cavité où elle se dépose par couches successives dont la disposition forme des bandes jaunâtres, rouges ou brunes, diversement nuancées. Souvent ces bandes sont disposées parallèlement en lignes droites un peu ondulées, comme dans la chaux carbonatée stratiforme de Montmartre et de Pantin ; d’autres fois, comme à Antiparos, l’albâtre se forme en tuyaux cylindriques appelés stalactites, dont la section perpendiculaire à leur axe présente des zones concentriques. La surabondance de cette chaux, dissoute par l’eau de cristallisation, tombe de ces stalactites sur la paroi inférieure de la cavité qu’elles garnissent, et se dispose de bas en haut en concrétions qui reçoivent le nom de stalagmites. Celles-ci présentent la réunion d’un grand nombre de tubercules, qui, sciés transversalement, offrent les veines le plus richement nuancées : on en fait des coupes et des vases quelquefois d’une grande dimension.

L’albâtre calcaire se rencontre dans les terrains primitifs, comme dans ceux de seconde et de troisième formation. Les montagnes calcaires situées à l’occident de la mer Rouge en fournissent une belle variété.

On voit dans plusieurs contrées des grottes dont les concrétions d’albâtre éprouvent des changements journaliers par leur accroissement continuel ; ce qui avait fait croire à Toumefort que les minéraux subissaient une véritable végétation. Cette opinion erronées trouvé des partisans parmi les gens du monde ; il en est encore beaucoup qui croient que les pierres croissent dans le sein de la terre.