Mélancolie

  • Encyclopédie de famille

Mélancolie, maladie nerveuse, qui serait mieux dénommée monomanie. Les causes de la mélancolie, commune chez les peuples civilisés, sont nombreuses, et dérivent pour la plupart d’un trouble apporté dans les affections de l’âme et dans les facultés intellectuelles par les passions tristes : les agents physiques et le dérangement des fonctions n’interviennent ici que d’une manière secondaire. Diverses circonstances sont susceptibles de favoriser le développement de cette maladie : telles sont la jeunesse, l’âge mûr ou celui de l’ambition, de l’avarice, des inquiétudes de toutes espèces ; le tempérament bilioso-nerveux, qui fut celui des plus célèbres mélancoliques : Pascal, Zimmermann, J.-J. Rousseau, Pétrarque, le Tasse, le Dante, Tibère, Louis XI, etc. Les femmes sont plus disposées que les hommes à la mélancolie. Les climats chauds y prédisposent plus que les climats froids et tempérés ; l’absence du pays natal produit, surtout chez les montagnards, une sorte de mélancolie connue sous le nom de nostalgie. Les symptômes de la mélancolie sont une grande excitation nerveuse ; un sommeil troublé, agité par des rêves effrayants ; un air triste, rêveur, taciturne, interrompu par les accès d’une gaieté convulsive ; des terreurs pusillanimes, etc. Le mélancolique recherche la solitude, aime l’inaction, répugne au travail, est d’une susceptibilité et d’une défiance étranges, même envers ses amis ; enfin, il est dominé par une idée exclusive. Les médecins de l’antiquité s’étaient beaucoup occupés du traitement des mélancoliques ; ils prescrivaient, pour neutraliser les influences délétères des humeurs noires, une foule de médicaments abandonnés depuis, et particulièrement les préparations d’ellébore. Le seul remède contre la mélancolie est dans les divertissements et les dissijpations ; pour ne point succomber sous le poids de la tristesse, on doit s’armer de constance et de philosophie ; quelquefois l’action seule du temps est efficace. Il faut beaucoup d’empire sur soi et une grande égalité d’âme pour résister à l’action dévorante du chagrin.