Enfance

  • Physiologie, Hygiène
  • A. Le Pileur
  • Encyclopédie moderne

Enfance. L’étymologie d’infantia prouve que chez les anciens ce mot s’appliquait à l’âge où l’enfant n’exprime pas encore sa pensée par la parole : l’enfance est pour nous le temps qui s’écoule du moment où commence la vie extra-utérine à celui où le développement des organes génitaux vient marquer ia seconde période de la vie. Nous réunissons ainsi sous une même dénomination les termes infantia et puerilia des Latins. Toutefois, une chose donne raison aux anciens dans leur division de cette période de la vie, c’est que nous avons été obligés de distinguer la première et la seconde enfance. On peut considérer comme limites de la première enfance le moment où le travail de la première dentition est achevé, c’est-à-dire l’âge de vingt mois à deux ans. C’est alors qu’à moins de retard dans son développement l’enfant exprime déjà ses pensées dans un langage plus ou moins imparfaitement articulé.

Pendant l’enfance le développement des organes présente d’importants phénomènes, dont voici les principaux. L’enfant, au moment de sa naissance, a de 0m,46 à 0m,56 de longueur ; son poids, d’après les recherches de Chaussier, varie de 3 kg à 4 kg 500. Sa peau est d’un rouge qui devient plus foncé quelques heures après la naissance ; elle est couverte d’un enduit sébacé plus épais sur certains points ; partout elle présente un duvet d’une finesse extrême et assez touffu. Le corps est plus ou moins ramassé sur lui-même, les membres sont à demi fléchis, et cette disposition persiste pendant plusieurs semaines. Le ventre et la tête sont très gros, le bassin est fort petit, les membres supérieurs sont plus développés que les inférieurs. L’ombilic est situé plus près de ¡’extrémité inférieure que du vertex. Les appareils les plus développés sont ceux de la circulation sanguine et lymphatique, ceux de la nutrition et le système nerveux, surtout dans sa partie rayonnante. L’encéphale, quoique volumineux, est encore dans un état d’imperfection notable ; il suffit à l’innervation des organes, mais ses fonctions se rapportent uniquement à la vie animale.

Cette disproportion des diverses régions, des divers organes, tend à s’effacer de jour en jour à mesure que l’enfant avance en âge. Bientôt l’ombilic marque le milieu du corps, les jambes et le bassin se développent de manière à soutenir le tronc dans la station, le cerveau acquiert plus de consistance, et, tout en continuant de s’accroître rapidement, il se laisse devancer à cet égard par les autres parties, de telle sorte que son volume est de moins en moins disproportionné. Le développement de l’intelligence marche de pair avec celui de l’encéphale, et chaque jour amène un progrès dans le travail de la pensée, dans la correction des sensations par le raisonnement. Du sixième au huitième mois en général, rarement après le douzième, on voit apparaître les premières dents, et dès avant ce moment le travail de ia dentition est devenu l’acte le plus important et le plus critique parmi ceux dont l’évolution a lieu pendant l’enfance.

Nous avons vu ailleurs quelle série de phénomènes présentent l’évolution dentaire et celle de l’encéphale. Le squelette et le système musculaire subissent des modifications non moins importantes. Les os se consolident ; leurs extrémités articulaires, d’abord cartilagineuses, s’ossifient ; quelques-unes même se soudent au corps des os, dont elles n’étaient jusque-là que les épiphyses ; L’enfant grandit rapidement, bien que sa croissance diminue toujours de vitesse, depuis les premiers mois jusqu’à l’âge où elle est complète. Le système lymphatique prédomine citez l’enfant et diminue d’importance relativement au système sanguin, à mesure que l’alimentation devient plus solide, que l’exercice et le développement musculaire qui en résulte activent la circulation. Pendant l’enfance, la nature n’ayant pour but que le développement de l’individu, les organes de la nutrition d’abord, puis les organes du mouvement, sont ceux dont l’évolution est la plus active. Le sommeil remplit, dans les premiers temps de la vie, tous les instants que l’enfant ne passe pas à ingérer des aliments, et plus tard cette fonction ou ce repos des fonctions reste pour l’enfant un besoin impérieux auquel doit être consacré, jusqu’à l’adolescence, un temps de moins en moins long, il est vrai, mais toujours égal au moins au tiers du jour.

Si la plupart des phénomènes vitaux de l’enfance sont dirigés de manière à favoriser le développement, il en est quelques-uns qui semblent, au contraire, lui devoir être funestes. Ainsi, l’enfant dans les premiers temps de sa vie est très impressionnable au froid, contre lequel il réagit fort peu.

A mesure qu’une alimentation plus substantielle et des mouvements plus forts le lui permettent, il développe plus de calorique, et devient d’autant moins sensible au froid, qu’il a plus de force pour le supporter et de moyens de s’en garantir.