Âge adulte

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Adulte (Âge). On nomme ainsi l’âge qui succède à l’adolescence. La dénomination d’âge viril, qui lui a été appliquée, est moins juste, puisqu’elle ne peut logiquement s’employer en parlant de la femme. L’âge adulte commence pour les femmes vers vingt et un ans, pour les hommes à la vingt-sixième année. La taille est alors arrivée à son maximum ; les proportions du corps et des membres sont définitives, la peau est moins fine et se couvre de plus de villosités ; les organes sont parvenus à leur développement complet ; toutefois les os deviennent plus denses et plus pesants, leurs saillies et leurs cavités se prononcent davantage. Le tronc et les membres ne croissent plus en longueur, mais l’accumulation de la graisse dans le tissu cellulaire augmente leur grosseur. Les différents appareils des fonctions organiques n’ont plus qu’à réparer les pertes journalières au lieu de subvenir, comme dans les âges précédents, aux exigences d’un accroissement continuel.

La constitution de l’individu est désormais fixée ou plutôt ses caractères apparaissent plus nettement en dehors des phénomènes d’évolution vitale qui pouvaient en changer l’aspect. Le système lymphatique perd de la prédominance qu’il avait dans les âges précédents. Le cœur est plus à l’aise dans la poitrine, et la circulation, sans être moins énergique, est plus calme et plus lente. Les tissus ont plus de fermeté ; le corps perd quelque chose de sa souplesse et de son agilité, mais il gagne comme force de résistance et devient plus capable d’efforts soutenus. Le moral devient aussi plus calme, l’imagination cesse de dominer et la raison prend peu à peu sa place. Peut-être l’homme devient-il alors plus sage, maison peut douter qu’il devienne meilleur : d’autres passions succèdent à celles de la première jeunesse, et si elles sont mieux calculées, il faut avouer qu’en général elles sont aussi moins généreuses.

C’est de trente-six à quarante ans que l’homme physique arrive au point le plus parfait d’organisation que puisse atteindre sa machine imparfaite. À partir de ce moment il commence à décroître et perd bientôt tous les avantages qu’il avait acquis si péniblement. Déjà depuis longtemps sa peau se flétrit et n’a plus l’éclat de la première jeunesse ; ses cheveux tombent ou blanchissent, sa vue s’affaiblit, ses articulations deviennent roides, sa force musculaire persiste encore, pais fléchit bientôt, ses os se creusent des cavités plus grandes, la couronne des dents présente une surface plane, leurs racines s’ébranlent dans les alvéoles. Les organes perdent tous de leur activité ; le cerveau seul conserve sa puissance, mais il n’a plus la verve et l’élan de la jeunesse : enfin l’homme peut voir pendant les dernières années de cette période la vieillesse s’avancer à grands pas. Cette dernière période de la vie, dont on fixe communément le début à soixante ans, commence réellement pour la femme à l’époque où ses règles cessent, de quarante-cinq à cinquante ans, et, pour l’homme, de cinquante à cinquante-cinq, époque où les fonctions génératrices perdent aussi chez lui beaucoup de leur puissance.

Dans les premiers temps de l’âge adulte, l’influence de l’appareil génital et la surexcitation des organes respiratoires qu’on avait observées dans l’adolescence persistent encore ; de là les maladies nombreuses auxquelles donne encore lieu à cet âge l’abus des fonctions génératrices, de là les phthysies si communes encore de vingt-cinq à trente ans. Plus tard l’appareil gastro-hépatique domine et devient, ainsi que les voies urinaires, le siège de maladies fréquentes ; alors aussi, le rhumatisme et la goutte font expier les fatigues, les excès de la jeunesse ou le tort involontaire d’une fâcheuse hérédité. C’est encore à la même époque que les maladies du système lymphatique se réveillent. Des accidents scrofuleux, des affections de la peau envahissent quelquefois l’économie, et presque toujours l’ignorance réelle ou simulée du malade permet difficilement au médecin d’arriver à des renseignements exacts sur l’apparition antérieure de ces symptômes morbides.

Chez la femme, c’est l’utérus, qui, vers le milieu de l’âge adulte, est le point de départ de toutes ou presque toutes les maladies. On sait combien sont fréquents alors les cancers de cet organe et de tous ceux qui constituent l’appareil génital ; mais, sans aller jusqu’au cancer, bien d’autres affections plus ou moins graves et douloureuses peuvent atteindre cette partie, à propos de laquelle un auteur célèbre a dit avec raison : mulier tota in utero. Plus tard, quand les menstrues cessent, le cœur devient souvent anévrysmatique, et il est peu de femmes, parvenues à la vieillesse, chez qui cet organe ne soit d’un volume anormal. Les passions de l’âge mûr et l’étude produisent chez l’homme le même effet ; enfin aux approches de la vieillesse l’apoplexie vient s’ajouter aux autres maux. C’est aussi vers la fin de l’âge adulte que les effets, souvent funestes, de la profession se font sentir, et frappent tel ou tel organe ; toutefois cet âge, surtout dans sa première moitié, est le moins en butte aux maladies. L’hygiène de l’adulte se borne presque à user modérément de tout ce qui est agréable et utile. L’exercice est alors un moyen précieux d’entretenir les forces et la souplesse et de conserver longtemps encore les prérogatives d’un âge déjà passé. Le régime alimentaire doit être de plus en plus sobre, à mesure que les années s’accumulent et que l’exercice musculaire est plus limité ; enfin, on ne doit pas oublier que la plupart des maladies de cet âge sont dues à des excès.