Zodiaque

  • Dictionnaire infernal

Zodiaque. Les douze signes du zodiaque ont une influence diverse sur les horoscopes. (Voyez : Horoscopes et Astrologie).

Les influences du firmament se trouvaient très favorables, disent les astrologues, à la naissance de Louis XIV ; nous en avons le système généthliaque dans l’une des médailles qui appuient l’histoire de son fastueux règne ; l’Académie royale des inscriptions y a marqué (sans rien donner aux incertitudes de l’astrologie) la position précise des planètes au moment où Dieu accorda à la France ce monarque que ses grandes actions ont rendu si célèbre.

On voit autour de cette curieuse médaille les douze signes du zodiaque formant les douze maisons de ce système ; les sept planètes y paraissent dans les positions qu’elles occupaient alors ; le soleil occupe le milieu du ciel ; Mars, seigneur de l’ascendant, se trouve en réception avec Jupiter, le protecteur de la vie, et ce qu’on nomme la fortune majeure. Saturne, qui est hostile, se voit là placé dans les dignités (en argot d’astrologue), ce qui le rend moins maléfique ; la lune est en conjonction avec Vénus, et Mercure, dans son domicile de prédilection, à dix degrés du soleil, hors de combustion, éclairé par ses rayons, ce qui donne une supériorité, de génie dans les plus difficiles et les plus importantes entreprises ; son carré avec Mars n’est pas capable de l’abaisser.

La naissance du roi était figurée dans le milieu de la médaille par un soleil levant, et le roi est placé dans le char de l’astre, avec cette légende : Ortus sotis gallici ; le lever du soleil de la France. L’exergue contient ces autres paroles : Septembris quinto, minutis 38, ante meridiem, 1638.

Ajoutons ici une remarque curieuse, c’est que les objets sur lesquels les augures exerçaient leur science se réduisaient à douze chefs, en l’honneur des douze signes du zodiaque : 1° l’entrée dans une maison des animaux domestiques ou sauvages ; 2° la rencontre subite de quelque animal sur le chemin ; 3° la foudre, l’incendie d’une maison ou de quelque autre objet ; 4° un rat qui rongeait des meubles, un loup qui emportait une brebis, un renard qui mangeait une poule, et tout événement de celle espèce ; 5° un bruit qu’on entendait dans la maison et que l’on croyait produit par quelque esprit follet ; 6° un oiseau qui tombait sur le chemin et se laissait prendre, un hibou qui chantait, une corneille qui criait, toutes circonstances qui étaient du ressort de l’augure ; 7° un chat qui, contre la coutume, entrait dans la chambre par un trou ; dans ce cas, il était pris pour un mauvais génie, ainsi que tout autre animal qui se présentait de la même manière ; 8° une chandelle-ou un flambeau qui s’éteignait de lui-même, ce que l’on croyait un fait de quelque démon ; 9° le feu qui pétillait ; les anciens croyaient là entendre parler Vulcain ; 10° le feu qui étincelait extraordinairement ; 11° le feu qui bondissait d’une manière singulière les anciens s’imaginaient, que les lares l’agitaient ; 12° enfin, une tristesse subite et tout événement fâcheux que l’on apprenait contre toute attente.

Et maintenant dans ce livre, où nous démasquons toutes les erreurs, autant que le permettent nos humbles lumières, ne dirons-nous rien des querelles singulières qui se sont élevées à propos du zodiaque de Denderah et de quelques autres zodiaques égyptiens ? Les philosophes qui ont enfanté tous les égarements de l’esprit humain, comme il ne serait pas difficile de le démontrer, ont reçu de nos jours bien des échecs ; ils en recevront encore jusqu’à ce qu’ils reconnaissent, si c’est possible, dans les conditions de leur pauvre orgueil, qu’on ne trouve guère la vérité hors des enseignements de l’Église. Les luttes contre le Pentateuque n’ont laissé dans ses adversaires que des vaincus. Les plus fiers combattants étaient deux astronomes, gens dont la science est moins fixée peut-être que le magnétisme ; aux bases, si incertaines. Ces astronomes, Bailly et Dupuis, comme les Titans qui s’étaient promis d’escalader le ciel, ont entassé paradoxes sur systèmes, conjectures sur présomptions, suppositions sur bévues, inductions sur fantômes, aberrations sur mauvais vouloirs pour asseoir un piédestal à une antiquité du monde qui pût contredire les livres divins.

Bailly crut démontrer que le zodiaque de Denderah était antérieur au déluge ; Dupuis, plus acharné, car ce n’était là ni la hardiesse ni l’intérêt de la science, Dupuis s’épuisa en longues veilles, en travaux ardus, qui lui ont coûté assurément bien des sueurs, pour établir que le zodiaque égyptien était antérieur de treize mille ans à Jésus-Christ. Pauvre homme qui se frottait les mains d’un tel triomphe !

Mais les savants sérieux sont venus bientôt, les savants sans passion, les savants qui recherchent la vérité. Les Visconti, les Testa, les Champollion, les Letronne ont ramené la question aux faits réels ; ils ont prouvé de la manière la plus incontestable que les Égyptiens ni les Indiens n’avaient inventé le zodiaque, qu’ils l’avaient reçu des Grecs, lesquels le tenaient des Hébreux ; que le zodiaque de Denderah était un ouvrage du règne de Néron, et que les interprétations astronomiques au moyen desquelles Dupuis, dans le fatras indigeste et infâme qu’il a intitulé Origine de tous les cultes, à voulu démolir nos dogmes, n’ont pas le moins du monde l’antiquité qu’il leur prête, n’ayant été imaginées que par Macrobe et ses contemporains, lorsque le paganisme, honteux, devant les premiers chrétiens, de sa grossière théogonie, chercha à la colorer de ce vernis pour en rougir un peu moins[1].

1.

Voyez M. Letronne, Sur l’origine grecque des prétendus zodiaques égyptiens. Voyez aussi la brochure de M. Testa sur les zodiaques.