Encre

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Encre. L’usage de l’encre a été de beaucoup postérieur à l’invention de l’écriture. On commença par graver les caractères sur la pierre, le bois ou des tablettes couvertes d’un enduit noir, comme la cire ; on traça des lettres avec des morceaux de charbon, de craie, etc., avant d’arriver à l’emploi d’une substance liquide, à l’aide d’un roseau taillé ou d’une plume.

Quoi qu’il en soit, l’encre commune la plus usitée aujourd’hui est un composé de tannin et d’acide gallique unis à l’oxyde de fer, et tenus en suspension dans l’eau par une solution de gomme.

Les trois substances vraiment essentielles pour sa préparation sont la noix de galle, le sulfate de fer et la gomme, dans les proportions suivantes :

Noix de galle……………………………. 3 kg
Sulfate de fer…………………………… 2 kg
Gemme du Sénégal…………………………. 4 kg
Eau…………………………………….. 40 litres.

On fait d’abord bouillir, pendant trois heures, les noix de galle concassées, dans 30 litres d’eau, en remplaçant à mesure le liquide vaporisé ; puis l’on tire à clair la dissolution. D’un autre côté, on a préparé la solution de gomme en faisant fondre celle-ci dans un peu d’eau tiède ; on mêle alors ces deux liquides. Enfin on a également préparé à part la solution de sulfate de fer, que l’on verse immédiatement dans le premier mélange, en brassant fortement le tout. Le liquide devient brun, puis plus foncé par l’exposition à l’air. On l’agite fréquemment, pour faciliter la réaction de l’oxygène, qui augmente par degrés l’intensité du noir, mais en rendant l’encre plus épaisse.

Aussi cesse-t-on l’exposition à l’air aussitôt que l’encre a acquis la teinte désirée ; on la soutire alors à clair, et on la met dans des bouteilles bien bouchées ou même cachetées.

Pour obtenir sans délai, et sans exposition à l’air, de l’encre aussi intense que possible, on calcine préalablement le sulfate de fer, ou on le traite à chaud avec un peu d’acide nitrique. Par là, on transforme ce sel en tritosulfate, qui contient toute la quantité d’oxygène nécessaire au développement du noir le plus foncé ; mais on obtient, il est vrai, une encre moins coulante. On réunit les deux avantages en employant le sulfate de fer, une moitié à l’état naturel, et l’autre moitié calcinée ou suroxydée.

Le prix élevé de la noix de galle fait qu’on en remplace souvent une partie par du sumac, du campêche ou même du tan pulvérisé, quoique ces ingrédients fournissent une encre plus épaisse et moins belle. Aussi est-elle connue sous le nom d’encre simple, tandis qu’on nomme la précédente encre double.

Pour obtenir une belle nuance noire, tirant sur le violet, quelques fabricants ajoutent une petite quantité de carbonate de manganèse aux autres ingrédients.