Adulis

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Adulis. Adulis ou Adule était un port de la mer Rouge, qui devait se trouver au fond du golfe de Masouah, vers le quinzième degré de latitude. Il servait de port d’exportation à cette partie de l’Abyssinie, notamment à la ville d’Axum, située dans l’intérieur, et était le centre du commerce de l’ivoire et de celui de l’or, métal qui s’exportait, comme encore de nos jours, sous forme d’anneaux.

Ce qui rend Adulis célèbre, c’est une inscription grecque que le moine Cosmas, qui voyageait vers l’an 535 de notre ère, y a copiée et qu’il a consignée dans son ouvrage intitulé : Topographie chrétienne.

Cette inscription, qui commence par les noms et les titres de Ptolémée Évergète, avait paru si pleine de contradictions et d’incohérences, et écrite d’un style si différent dans ses diverses parties, que plusieurs savants critiques, tels que Dodwell et Gossellin, l’avaient rejetée comme entièrement fausse ; d’autres, qui ne voyaient pas dans quel intérêt le moine Cosmas aurait forgé un tel monument, persistaient à la croire authentique, sans pouvoir cependant se rendre compte des difficultés qu’on leur signalait. La question en était là, lorsque Salt découvrit à Axum une autre inscription grecque, dans laquelle il est question des guerres et des victoires d’Aeizanas, roi des Axumites et des Homérites ; ce qui en fixait l’époque au temps de saint Athanase, dont on connaît une lettre à ce même prince et à son frère Sazana. Le style de cette inscription est tellement semblable à celui de la deuxième partie de l’inscription d’Adulis que Salt en conçut immédiatement l’heureuse idée, que celle-ci était double ; que tout le commencement appartenait réellement au temps de Ptolémée Évergète, et que le reste faisait partie d’une seconde inscription contemporaine de celle d’Axum, par conséquent du quatrième siècle, et postérieure à l’autre d’environ six cents ans.

Cette division rend compte de tout, elle résout toutes les difficultés, et l’on peut regarder ce curieux problème comme parfaitement résolu.

La première inscription d’Adulis, qui ne contient que le nom, les titres de Ptolémée Évergète et ses principales actions, est certainement, comme je l’ai montré ailleurs, ce que les Portugais appelaient une pierre de marque, c’est-à-dire une pierre (avec inscription) que les navigateurs dressaient dans un port qu’ils découvraient et dont ils voulaient prendre possession au nom de leur souverain.

La seconde, de même que celle d’Axum, contient le récit des exploits d’un roi abyssin, qui a voulu en consacrer le souvenir dans un lieu fréquenté par les navigateurs ; et s’il l’a écrite en grec, c’est qu’il voulait qu’elle fût comprise par eux : car on ne peut douter que le grec ne fût devenu, dans la mer Rouge, une espèce de langue franque, qui servait de langue commune à tous ceux qui trafiquaient dans ces parages.