Tendon d’Achille

  • Anatomie
  • A. Duponchel
  • Encyclopédie moderne

Achille (Tendon d’). On nomme ainsi le tendon commun qui termine inférieurement les muscles jumeaux et soléaire (muscles du mollet), et qui vient s’attacher au calcaneum (os du talon). Son nom lui vient, dit-on, de l’épisode si connu de la vie d’Achille : Thétis, pour rendre son fils invulnérable, le plongea dans les eaux du Styx en le tenant par les talons, et cette partie du corps resta seule accessible aux coups de Pâris.

Le tendon d’Achille sert d’intermédiaire aux muscles cités plus haut, pour l’extension de l’articulation du pied avec la jambe (tibio-tarsienne).

Dans ces derniers temps, le tendon d’Achille a acquis une grande importance chirurgicale. L’attention de quelques médecins s’étant particulièrement fixée sur les déviations et les difformités du corps et des membres, ils reconnurent que, dans le plus grand nombre de cas, ces dispositions vicieuses tenaient à la rétraction musculaire, ou mieux à un défaut d’équilibre entre les forces des muscles antagonistes. La section des tendons, ou ténotomie des muscles rétractés, fut, en conséquence de cette étiologie, indiquée comme moyen curatif de ces différentes déviations. L’une des plus fréquentes et des plus incommodes, le pied bot, ayant été considérée comme le résultat de la rétraction vicieuse des muscles postérieurs de la jambe, la section du tendon d’Achille fut pratiquée, et de nombreux succès vinrent couronner cette opération, qui est aujourd’hui acquise à l’art chirurgical.

À dire le vrai, l’idée de couper le tendon d’Achille n’est pas nouvelle ; elle existe même de temps immémorial dans la médecine vétérinaire ; mais c’est à un chirurgien allemand nommé Thillennius qu’on en attribue la première application chez l’homme atteint de pied bot. Lorentz, autre opérateur de la même nation, réclame la priorité sur Thillenius ; il aurait opéré la section du tendon d’Achille en 1782, tandis que le premier n’aurait pratiqué cette opération qu’en 1784 En 1809 et 1810, le professeur Michaëlis de Marbourg publia un travail sur les avantages de cette méthode curative, qui, dès lors, prit place dans la science. On ne la connut cependant en France que vers l’année 1816, époque à laquelle Delpech, de Montpellier, opéra un enfant de six ans. L’opération n’ayant point répondu au résultat qu’on en attendait, la section du tendon d’Achille était presque complètement oubliée, lorsque, en 1831 et 1834, le docteur Stromeyer, de Hanovre, la fit revivre avec succès. Les faits qu’il publia à ces deux époques, dans les Archives générales de médecine, devinrent le point de départ d’un progrès immense dans la thérapeutique du pied bot et de quelques autres difformités. M. Duval, le premier, puis MM. Bouvier, J. Guérin, Roux, Laugier, etc., opérèrent avec bonheur un grand nombre de malades ; et cette pratique fut suivie du même succès en Allemagne, en Angleterre, en Belgique.

Il n’entre point dans le plan de cet article de décrire les différents procédés opératoires successivement employés par MM. Delpech, Stromeyer, Duval, Bouvier, Scoutetten. Dans tous les cas, la section du tendon est sous-cutanée, et les plaies extérieures sont aussi petites que possible, afin d’éviter l’entrée de l’air, et, par suite, la suppuration et l’exfoliation du tendon. Quelques jours après l’opération (quatre ou cinq suffisent, selon M. Scoutetten), le pied est placé dans un appareil extensif.

Entre les mains d’un praticien habile, il est rare qu’au bout d’un mois ou deux le malade ne soit point en état de marcher, le pied appuyant sur le sol par toute sa face plantaire.