Rhinocéros

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Rhinocéros. Cet animal, qui appartient à l’ordre des pachydermes, est de tous ces mammifères celui dont la peau est la plus épaisse. Son corps, assez élevé sur ses jambes, si on le compare à celui de l’éléphant, et surtout de l’hippopotame, varie de hauteur depuis trois pieds jusqu’à quatre ou cinq, mesuré au garrot ; sa tête est courte et triangulaire, à chanfrein plutôt concave que droit ; son nez est armé d’une ou de deux cornes d’une nature fibreuse ; ses oreilles, en forme de cornet, sont pointues et mobiles ; son cou est court ; son ventre est gros ; sa croupe est arrondie et terminée par une queue mince ; ses jambes sont moins épaisses que célles de l’éléphant ; ses pieds ont trois doigts, qui ne sont visibles que parce qu’ils sont terminés par des oncles arrondis et placés presque verticalement. Le nombre de ses dents est de trente, trente-deux et trentequatre, selon les espèces ; celui des incisives varie également.

Les formes lourdes et massives qui distinguent le rhinocéros sont cependant moins remarquables que la disposition des plis de sa peau épaisse, rugueuse et presque sans poils, qui lui donne l’apparence d’une cuirasse, et surtout que la corne solide qui s’élève sur son nez. Les plis de la peau sont plus ou moins marqués : ils sont très saillants derrière la tête, sur le dos et sur la croupe, de telle sorte que depuis la tête jusqu’au-dessous du garrot cette peau figure un manteau semblable au corselet des insectes coléoptères, et les jambes semblent sortir de ce corselet ; il en est de même de la croupe : la peau y forme une sorte d’enveloppe d’où sortent les jambes de derrière.

La corne du rhinocéros prend un accroissement plus ou moins grand, selon les espèces ; on en voit qui ont jusqu’à quatre pieds de longueur, tandis que d’autres ne forment que des tubercules d’environ un ou deux pouces de saillie ; quelques-uns n’en ont qu’une, d’autres en ont deux. La structure de ces cornes peut servir de preuve à l’opinion que les substances cornées des animaux sont le simple résultat d’une modification particulière des poils : en effet, malgré leur translucidité, les cornes du rhinocéros sont tellement fibreuses, qu’elles semblent n’être qu’une agglutination de poils. Comme tous les pachydermes ordinaires, les rhinocéros ont les yeux très petits.

On connaît quatre espèces bien distinctes de ces animaux ; elles forment deux groupes : l’un à deux cornes, et l’autre à une seule. C’est à celui-ci qu’appartient l’espèce la plus anciennement connue, celles des Indes. C’est la plus grande ; elle a cinq pieds de hauteur, neuf à dix de longueur ; sa corne est ordinairement longue de plus de deux pieds. Quoique Aristote ne paraisse pas l’avoir connue, elle le fut des anciens : Athénée, Pline et Strabon eu font mention ; Ptolémée-Philadelphe la montra au peuple dans une fête célèbre : et c’est probablement à la même espèce qu’appartenaient le rhinocéros que Pompée fit paraître aux jeux qu’il célébra à Rome et celui qu’Auguste fit combattre dans le cirque avec un hippopotame.

Le rhinocéros des Indes, pris jeune, s’apprivoise assez facilement ; mais il donne fréquemment des signes d’impatience et se livre souvent à des mouvements de fureur. Son regard est stupide, sa vue paraît être faible ; mais le mouvement continuel de ses oreilles annonce une grande finesse dans le sens de l’ouïe. En liberté il se nourrit d’herbes, des racines et des branches des jeunes arbres ; sa femelle ne produit qu’un petit, après une gestation de neuf mois. Il habite les contrées intérieures de l’Inde, au delà du Gange.

Le rhinocéros de Java, dont la hauteur moyenne est d’un peu plus de quatre pieds et la longueur de six, est armé d’une corne ordinairement très courte. La disposition des plis de sa peau diffère un peu de celle des autres ; mais ce qui le distingue surtout, ce sont les tubercules, de forme généralement pentagone, dont elle est couverte. Chacun de ces tubercules donne naissance à un poil court, roide et brun.

L’île de Sumatra est la patrie d’un rhinocéros à deux cornes, qui porte le nom de cette île. Sa peau n’est pas hérissée de tubercules ; elle est même moins couverte de rides que les autres espèces ; elle s’en distingue encore par une assez grande quantité de poils. Il constitue la plus petite des quatre espèces connues et décrites ; sa hauteur n’atteint pas quatre pieds, et sa longueur ne dépasse pas cinq pieds et demi. Des deux cornes qu’il porte sur le nez, l’antérieure est médiocrement longue, et la postérieure n’est que rudimentaire ; les femelles ont des cornes encore moins saillantes.

Le rhinocéros d’Afrique diffère du précédent par sa taille, semblable à celle du rhinocéros indien, par la longueur de ses cornes, et par sa peau, presque sans plis sur le dos. Les anciens l’ont connu ; Pausanias l’appelle taureau d’Éthiopie ; Domitien le fit représenter sur quelques-unes de ses médailles ; mais il paraît qu’il ne fut point introduit par les Romains en Europe. Cette espèce habile les forêts de l’Afrique méridionale ; elle se tient dans les lieux humides et sur les bords des rivières, aime à se vautrer dans la fange, et se nourrit de chardons, de genêts et de petites branches d’arbrisseaux voisins du genévrier.

On croit qu’il existe deux autres espèces en Afrique, ce qui porterait leur nombre total à six ; mais ces deux espèces sont encore très incertaines.