Mer Adriatique

  • Géographie
  • Amédée Tardieu
  • Encyclopédie moderne

Adriatique (Mer). La mer Adriatique est un bras de la Méditerranée qui s’enfonce dans les terres d’une profondeur de deux cents lieues environ et qui baigne les côtes orientales de l’Italie, et l’Illyrie, la Croatie, la Dalmatie et l’Albanie. Elle a le même niveau que la Méditerranée ; et l’effet des marées y est également peu sensible. Le fond de cette mer, d’après les plus récents examens, n’est qu’un lit de calcaire et de coquillages. Sa superficie totale est de huit mille cent quatre-vingts lieues carrées.

On avait eu le projet d’ouvrir à l’Adriatique de nouvelles communications avec la Méditerranée, par un canal qui eût traversé l’Italie : ce canal devait partir d’Ancône et déboucher dans la Méditerranée par le port de Livourne d’une part et par le Tibre de l’autre ; il eût passé à Fuligno, se serait partagé au Sud-Est du lac de Trasimène ; la branche du Nord eût traversé Florence et Pise, et celle du Sud Rome ; mais ce projet ne fut pas exécuté.

On a beaucoup disputé pour savoir si c’est à la ville d’Adria dans le royaume Lombard Vénitien ou à celle d’Atri (Adria Picena) dans l’Abruzze ultérieure première, que la mer Adriatique a dû son nom. Strabon (V, 8, p. 214) et Pline (III, 16) attribuent cet honneur à la première ; on leur oppose les témoignages d’un ancien historien cité par Tzetzès, scoliaste de Lycopbron, d’Aurélius Victor (in Hadrian,), de Paul diacre (Hist. Longob. II, 19), et une quantité de médailles de la plus haute antiquité.

Les anciens avaient déjà marqué les monts Cérauniens comme formant l’entrée de la mer Adriatique ; c’est là en effet que commence le canal d’Otrante qui unit cette mer à la mer Ionienne.

La mer Adriatique présente plusieurs golfes importants ; sur les côtes du royaume de Naples, celui de Manfredonia (Sinus Urias), fermé au Nord par le cap du mont Saint-Ange, branche du mont Gargano, et au Sud par une pointe qui s’avance à l’Est de Barletta ; ce golfe a huit lieues de profondeur et reçoit les eaux des lacs de Pantano Salso et de Salpi (Capitanate). Au fond de l’Adriatique, s’étend le golfe de Venise, depuis l’embouchure du Tagliamento jusqu’au delta du Pô ; il comprend un espace de vingt lieues de côtes demi-circulaires et de cinq lieues de profondeur. Le golfe de Trieste (Tergestinus Sinus), dont l’entrée s’ouvre au Sud-Ouest entre l’embouchure de l’Isonzo et la pointe de Pirano, s’étend sur «ne profondeur de sept lieues. La presqu’île d’Istrie, longue de trente lieues du Nord au Sud, sépare le golfe de Trieste de celui de Quarnero. Ce golfe, nommé par Pline Flanaticus sinus, par Paul Orose Liburnicus, et par Pomponius Mêla, Polaticus, a neuf lieues de long du Nord au Sud et sept lieues de large ; il est fermé au Sud par les îles Veglia et Cherso et communique avec la pleine mer par quatre passages très dangereux : les plus fréquentés sont la Bocca di Buccari entre Fiume et l’île de Veglia, et le canal de la Morlacca entre lecontinent et les îles de Veglia, d’Arbe et de Pago. Sur les côtes de Dalmatie sont le golfe de Narenta au Nord de la presqu’île de Sabioncello, langue de terre étroite qui a plus de douze lieues de l’Est à l’Ouest, et le golfe de Cattaro, qui renferme deux vastes bassins : le premier, nommé anciennement Sinus Rizzonicus, a trois entrées formées par les écueils de Zagnitza et della Madona et appelées Bouches de Cattaro. Enfin le golfe du Drin sur les côtes de l’Albanie à six lieues du Nord au Sud et deux lieues de l’Est à l’Ouest et est fermé au Sud par le cap Rodoni.