Illuminés

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Illuminés. Sous le nom d’alumbeados, une secte livrée aux illusions du mysticisme parut en Espagne vers 1575. L’inquisition parvint d’abord à l’étouffer ; mais en 1623 elle reparut avec plus de force. Alors, dit-on, quelques-uns de ces sectaires, fuyant les poursuites dont ils étaient l’objet, se réfugièrent en France, où ils firent des prosélytes, surtout dans le clergé. Quoi qu’il en soit, des opinions analogues se montrèrent, vers le même temps, dans la Picardie. Les nouveaux hérétiques prirent le nom d’illuminés. Pierre Guérin, curé de Saint-Pierre de Roye, auteur d’une secte distincte, mais semblable, celle des guérinets, ne tarda pas à se fondre avec eux.

Le fond de leur doctrine était le même que dans toutes les écoles mystiques. Ils professaient un souverain mépris pour tout dogme et pour tout culte , tant intérieur qu’extérieur. Dieu, disaient-ils, avait révélé à frère Antoine Bucquet une pratique de foi et de vie suréminente, inconnue jusqu’à ce moment dans la chrétienté. Avec cette méthode on pouvait en peu de temps atteindre jusqu’à la perfection et à la gloire des saints, ou même de la sainte Vierge, laquelle n’avait eu, selon eux, que des vertus communes. Par cette route on parvenait à une telle union avec Dieu, que tous les actes étaient déifiés. Une fois parvenu à ce degré de perfection, il fallait laisser Dieu agir sans produire aucun acte. C’était, comme on voit, déjà du quiétisme. Du reste, l’illuminé était libre de faire tout ce qu’il voulait ; il n’avait point d’autre loi que l’inspiration ; il était impeccable.

Ces sectaires ajoutaient que les docteurs de l’Église n’avaient jamais su ce que c’était que dévotion, que saint Paul s’en doutait à peine, que saint Pierre était un bon homme, que toute l’Église était dans les ténèbres, que l’homme ne devait écouter que son sentiment. Ils prophétisaient qu’au bout de dix ans le monde serait converti à leur doctrine, qu’alors on n’aurait plus besoin de prêtres ni de religieux.