Grenouille

  • Histoire naturelle
  • E. Desmarest
  • Encyclopédie moderne

Grenouille. La grenouille est connue depuis la plus haute antiquité ; les Grecs lui donnaient le nom de βάτραχος, et les Latins celui de rana, que les naturalistes ont conservé pour désigner scientifiquement le groupe qui renferme cet animal et d’autres espèces qui offrent des caractères à peu près semblables.

La famille des grenouilles, que les zoologistes désignent généralement sous la dénomination de raniformes, comprend les espèces de batraciens anoures, dont l’extrémité libre des doigts et des orteils n’est pas dilatée en disque plus ou moins élargi, comme cela a lieu chez les rainettes, et dont la mâchoire supérieure est armée de dents, seul caractère qui puisse véritablement les distinguer de certaines espèces de crapauds, qui en manquent dans cette partie de la bouche, aussi bien qu’à la mâchoire inférieure. Ces reptiles ont, en général, des formes sveltes, élancées ; ils ont des dents implantées sous le vomer, en avant ou en arrière, entre les arrière-narines. La disposition et la forme de ces dents, ainsi que celles de la langue , servent à caractériser les genres de ce groupe. Tous ont aux membres de devant quatre doigts dépourvus de membrane natatoire, à une exception près ; chez presque tous on voit à la base du premier doigt une saillie plus ou moins apparente, et qui est un rudiment de pouce caché sous la peau ; aux pieds de derrière le nombre des orteils est constamment de cinq, réunis ou non réunis par une palmure, qui, elle-même, varie beaucoup dans son étendue. Le corps est en général lisse en-dessus, tandis qu’en dessous, au contraire, la peau est rarement dépourvue de renflements glanduleux, qui s’y présentent sous la forme de mamelons, de cordons ou de lignes saillantes, s’étendant presque toujours sur les côtés du dos. Ces animaux ne peu vent pas, par la disposition de leurs pattes, monter sur les arbustes comme le font les rainettes ; ils se tiennent sur la terre ou plutôt dans l’eau : les espèces qui ont les orteils réunis par une palmure y restent constamment ; la grenouille rousse ne s’y rend, au contraire, que pour accomplir l’acte de la génération, et elle demeure tout le reste du temps à terre. Les espèces qui ont les membres postérieurs très allongés ne changent guère de place sur le sol autrement qu’en sautant, souvent à des distances considérables relativement au volume de leur corps. Celles chez lesquelles les pattes de derrière sont d’une médiocre étendue jouissent également de la faculté de sauter, mais à un bien moindre degré, et pour elles la marche n’est plus impossible ; aussi ces espèces se rapprochent-elles des crapauds. Leur nourriture est presque exclusivement animale, quoique mêlée quelquefois d’aliments végétaux.