Mahrattes

  • Linguistique
  • Léon Vaïsse
  • Encyclopédie moderne

Mahrattes. Le domaine de la langue mahratte est borné, au nord et au sud, par les fleuves Nerboudda et Krischna ; il comprend la contrée connue sous le nom de Concan, une grande partie de celle de Gundwana, et en outre toute la population de race mahratte répandue dans les provinces de Malwah, de Kandesh, d’Aurungabad , de Béjapour, de Guzérale et de Bérar, où cet idiome est le lien commun d’une population de six millions d’âmes. Son histoire, jusqu’à l’invasion des musulmans, est ignorée. On est réduit à supposer, d’après des inductions naturelles, il est vrai, qu’il vint originairement, avec la race puissante dont les descendants le parlent, des parties les plus septentrionales de l’Hindoustan. A la suite de la révolution opérée par Sivadji, le restaurateur du brahmanisme dans cette partie du Dekan, le dialecte hindoustani méridional, ou dakni, fut exclusivement adopté par la partie de la population qui avait embrassé la religion de ses dominateurs étrangers, tandis que les sectateurs des doctrines védiques gardèrent le vieil idiome populaire mahratte, le mahârali ou maharashtri. Cet idiome, l’auteur du Mithridate le range avec les dialectes malabars. Quelques autres linguistes ont cru comme Adelung, d’après de légères apparences, qu’il devait se rattacher à la souche tamoule. Balbi l’a classé plus naturellement parmi les idiomes pracrits. M. Lassen, dans ses Institutiones linguae practicae, dit en effet que c’est cette langue que désigne proprement, pour les brahmanes de cette partie de l’Inde, le nom de pracrit quand il n’est pas accompagné de quelque épithète spéciale ; et M. Pavie, dans une lettre à M. Garcin de Tassy, insérée dans le Journal asiatique du mois de mars 1841, dit que le mahratte est la limite méridionale des dialectes indiens qui se rattachent au sanscrit.