Amiante

  • P.-L. Cottereau.
  • Encyclopédie de famille

Amiante, mot tiré du grec et qui signifie incorruptible. On appelle ainsi une variété de l’asbeste, l’asbeste flexible d’Haüy, qu’on nomme encore byssus minéral, lin fossile, lin minéral, lin incombustible, lin des funérailles, etc. Cette substance est de nature pierreuse, et formée de silice, de magnésie et d’un peu de chaux, d’alumine et de fer, c’est-à-dire des éléments des pierres les plus dures et les plus réfractaires, tandis que par la disposition de ses molécules on la prendrait pour un composé de fibres végétales : elle est disposée en filaments très déliés et très souples, d’un aspect soyeux, d’une couleur ordinairement blanche et nacrée, quelquefois grise, brune, verte ou noire. Soumise à l’action du feu, elle paraît s’y embraser ; néanmoins, elle en est retirée sans avoir éprouvé de perte sensible, et de l’état d’incandescence elle repasse bientôt à la teinte qui lui est naturelle.

L’amiante, que sa structure a fait confondre parfois avec l’alun de plume, a été jadis employée en médecine comme moyen topique contre la gale et la paralysie ; mais depuis longtemps elle a cessé de figurer comme médicament. C’est avec elle que l’on garnissait l’intérieur de ces petits flacons contenant l’acide sulfurique destiné à enflammer les allumettes oxygénées. Dans certains pays, elle sert à fabriquer de la poterie légère et des fourneaux trèssolides. L’art de filer et de tisser cette matière était déjà connu dans l’antiquité. Pline fait mention de linge, usité pour le service des tables, que l’on nettoyait en le jetant au feu, et de tuniques d’amiante dans lesquelles on brûlait les corps de personnages distingués, afin de pouvoir obtenir leurs cendres sans aucun mélange. Les anciens étaient parvenus à fabriquer des tissus de cette nature d’une dimension assez grande ; on trouva en 1702 à Rome, dans une urne cinéraire, un morceau de toile d’amiante de 1m,80 de long sur 1m,65 de large que le pape Clément XI fit déposer dans la bibliothèque du Vatican. On faisait aussi des mèches d’amiante pour les lampes sépulcrales, et de nos jours on s’en est servi également pour la fabrication des veilleuses. Les tissus d’amiante sont loin d’avoir la finesse des toiles ordinaires. Au commencement de ce siècle Mme Perpenti, de Côme, est arrivée à fabriquer avec cette pierre des toiles assez fines, des dentelles grossières et du papier. Ce papier pourrait devenir bien précieux pour la conservation des annales des sciences et des arts, car il est incombustible ; et en écrivant dessus avec une encre composée de manganèse et de sulfure de fer, la couleur des caractères tracés serait pareillement en état de résister à l’action du feu. La bibliothèque de l’Institut de France possède un ouvrage imprimé en 1807, à Milan, sur du papier de cette espèce. Suivant M. Sage, on fabrique en Chine avec l’amiante des feuilles de papier de six mètres de long et même des étoffes en pièces.

L’amiante se trouve dans les fentes des rochers qui renferment de la magnésie ; on la rencontre surtout dans les Pyrénées, en Corse, en Savoie, en Sibérie, au Brésil, etc. ; la plus belle vient de la Tarentaise, et cependant les tissus fabriqués en Sibérie sont ceux qui peuvent le mieux soutenir la comparaison avec les toiles de nature végétale.