Ablution

  • E. Barrault
  • Encyclopédie de famille

Ablution. La loi juive fait une mention fréquente des ablutions ou purifications. Le paganisme, de même que la religion de Brahma, recommandait aussi des ablutions.

L’ablution est une cérémonie usitée dans presque toutes les religions de l’Orient, et consistant à enlever par l’eau certaines souillures spirituelles ou matérielles. C’est l’acte d’une hygiène à la fois physique et morale, dont le christianisme a conservé quelques traces symboliques. On conçoit que sous des climats brûlants la loi ait dû opposer aux promptes altérations de la chaleur les prescriptions sévères de la propreté corporelle. En Orient, où la religion n’a jamais séparé la chair de l’esprit avec autant de rigueur que le dogme chrétien, leurs relations ont été naturellement consacrées ; l’analogie s’est établie entre la pureté du corps et la netteté de l’âme. Être propre, c’était être pur. L’ablution, comme préparation à la prière ou comme expiation, est l’une des plus importantes dévotions des cultes orientaux, et souvent la loi en a minutieusement prescrit les cas, les heures, le nombre, en pénétrant dans les plus mystérieux détails de la vie domestique.

Selon l’antique religion de l’Inde, l’ablution ouvre chaque journée, précède la prière et devance le repas. Le mode varie à chaque degré de l’échelle hiérarchique des castes. Le Brahmane est purifié par l’eau qui descend jusqu’à sa poitrine, le Kchatrya par celle qui va dans son gosier, le Vaicya par celle qu’il prend dans sa bouche, le Soudra par celle qu’il touche du bout des lèvres. Aujourd’hui, comme dans les temps d’une antiquité reculée, les Indous demandent aux eaux sacrées du Gange une double purification.

Le législateur des Hébreux, fidèle sans doute aux pratiques instituées sur les bords du Nil, avait consacré l’ablution, mais sans y assujettir son peuple à des heures déterminées du jour. Cet acte était principalement prescrit dans le cas où l’on avait touché ou mangé quelque animal frappé d’impureté légale et dans le cas de lèpre ou d’autres infirmités corporelles.

Mahomet, qui fit tant d’emprunts au judaïsme, assigna à cette institution une origine sacrée. Le Coran et l’ablution lui furent, dit-il, révélés le même jour par l’ange Gabriel, qui joignit l’exemple au précepte, en faisant jaillir dans une caverne aride une source dont les flots miraculeux servirent à la double ablution de l’envoyé du ciel et du prophète. On peut dès lors juger de la fréquence de cette pratique dans l’islamisme. Le musulman est tenu à cinq prières par jour et à un nombre ségal d’ablutions préliminaires, accomplies selon un rite obligatoire. Ces ablutions consistent à se laver le visage, une partie de la tête, la barbe, les mains, les bras jusqu’au coude, et les pieds jusqu’à la cheville. Tout ce qui entraîne une souillure du corps appelle des lotions partielles répétées. Enfin, chaque vendredi, jour du sabbat des musulmans, le bain complet du corps est d’obligation religieuse. Le législateur arabe semble avoir entrepris de discipliner ses sectateurs à la propreté ; et il s’est montré si jaloux de l’observation fidèle de sa loi, qu’il a ôté tout prétexte à la négligence et à l’interruption de l’habitude sainte, en ordonnant de se frotter avec de la menue poussière à défaut d’eau. Les peuples musulmans se conforment encore aujourd’hui aux salutaires prescriptions de Mahomet. Il n’est pas une mosquée auprès de laquelle on n’aperçoive la fontaine destinée aux ablutions.