Cataractes

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Cataractes. Les anciens désignaient par le mot de cataracte toute espèce de chute d’eau, soit qu’elle se fit par une simple pente roide et formât ce que nous nommons aujourd’hui des rapides, soit qu’elle se précipitât de rochers plus ou moins élevés et formât ce que nous désignons plus communément par les mots cascade ou saut.

Tout cours d’eau qui cesse d’être navigable, passe en quelque sorte à l’état de rapide ; or, comme il ne faut qu’un degré de pente pour que la navigation ne puisse plus avoir lieu, on conçoit de suite que les rapides sont très nombreux et qu’il doit y avoir peu de fleuves qui, dans leur parcours, n’en présentent quelque cas, surtout quand ils coulent dans les pays montagneux. Les torrents ne sont, pour ainsi dire, pas autre chose que des rapides, où les eaux, à chaque instant brisées, interrompues dans leur course par des blocs roulés et détachés du flanc des montagnes ou par des rochers saillants, se précipitent avec plus ou moins de rapidité et plus ou moins de fracas.

Le rétrécissement du lit d’un fleuve à travers les montagnes et les rochers suffit pour former des rapides, et l’on assure que dans quelques-uns de ces passages resserrés, les courants acquièrent parfois une si grande impétuosité qu’ils peuvent supporter, sur une étendue assez considérable, les corps les plus lourds, par suite de l’impulsion qu’ils leur impriment et qui neutralise les effets de la pesanteur.

Plusieurs grands fleuves offrent des rapides qui étonnent d’autant plus les voyageurs, que souvent ils succèdent tout à coup au cours lent et monotone des plaines immenses qu’ils traversent ; et comme, en général, rien ne contribue plus à exalter l’imagination que l’effet des contrastes, cela explique l’importance beaucoup trop exagérée qu’on donne souvent à ces sortes de phénomènes.

Les rapides les plus connus sont ceux du fleuve des Amazones, du Potomak, de la Delaware en Amérique ; du Burampooter, du Gange en Asie ; du Zaïre, du Sénégal, du Nil en Afrique.

Ces derniers n’ont rien qui justifie l’importance que, depuis les temps les plus reculés, les voyageurs leur avaient donnée. Nous savons à quoi nous en tenir maintenant, par exemple, sur la description de Sénèque, qui dit que les eaux du Nil, après avoir parcouru des déserts immenses et y avoir formé de vastes marais, se réunissent au sortir de l’Éthiopie, coulent d’abord à travers les rochers qui entourent l’île de Philès, et se précipitent ensuite dans un vaste gouffre en produisant un bruit sourd qui retentit au loin.