Aristée

  • Dictionnaire infernal

Aristée, charlatan de l’île de Proconèse, qui vivait du temps de Crésus. Il disait que son âme sortait de son corps quand il voulait, et qu’elle y retournait ensuite. Les uns content qu’elle s’échappait, à la vue de sa femme et de ses enfants, sous la figure d’un cerf, Wierus dit sous la figure d’un corbeau[1]. — Hérodote rapporte, dans son quatrième livre, que cet Arislée, entrant un jour dans la boutique d’un foulon, y tomba mort ; que le foulon courut avertir ses parents, qui arrivèrent pour le faire enterrer ; mais on ne trouva plus le corps. Toute la ville était en grande surprise, quand des gens qui revenaient de quelque voyage assurèrent qu’ils avaient rencontré Aristée sur le chemin de Crotone[2]. Il paraît que c’était une espèce de vampire. Hérodote ajoute, qu’il reparut au bout de sept ans à Proconèse, y composa un poème et mourut de nouveau.

Leloyer, qui regarde Aristée comme un sorcier à extases[3], cite une autorité d’après laquelle, à l’heure même où ce vampire disparut pour la seconde fois, il aurait été transporté en Sicile, et s’y serait fait maître d’école.

Il se montra encore trois cent quarante ans après dans la ville de Métaponte, et il y fit élever des monuments qu’on voyait du temps d’Hérodote. Tant de prodiges engagèrent les Siciliens à lui consacrer un temple, où ils l’honoraient comme un demi-dieu.

1.

Depræsligiis dæm., lib. I, cap. xiv.

2.

Plutarque, dans la Vie de Romulus.

3.

Discours des spectres, liv. IV, ch. xxiv.