Antithèse

  • Encyclopédie de famille

Antithèse, figure de rhétorique, qui consiste dans l’opposition des pensées et des mots dans le discours. On s’en seit heureusement et à propos lorsqu’on veut réveiller l’attention de son lecteur et de son auditoire, en le frappant par un trait inattendu qui saisit l’imagination, et par un rapprochement d’images différentes qui produit sur les esprits le même effet que le contraste des sons graves et doux dans la musique, des lumières et des ombres dans la peinture. Cette figure est d’un grand secours dans l’éloquence et dans la poésie, mais il faut qu’elle soit amenée naturellement et sans effort ; il faut en user avec sobriété, et craindre de la faire dégénérer en cliquetis de mots puérils, répugnant au bon goût, et trèsfatigants, à la longue, pour l’oreille qui n’y est pas accoutumée.

Une école littéraire moderne avait fait de la vieille antithèse un des principaux éléments de son langage. Elle l’employait avec une prodigalité effrayante en vers, en prose, dans les discours d’apparat surtout. En Grèce, Isocrate est l’écrivain qui a affectionné le plus cette espèce de gymnastique oscillatoire ; Cicéron, chez les Latins, ne s’en fait pas faute non plus, ni Quintilien, ni Silius Italicus, ni Stace, ni Glaudien, ni Vida, ni grand nombre d’auteurs de la décadence romaine. Chez nous Louis Racine a dit :

Ver impur de la terre et roi de l’univers,
Riche et vide de biens, libre et chargé de fers,
Je ne suis que mensonge, erreurs, incertitude.

Et Larochefoucauld : « Nous aimons toujours ceux qui nous admirent, mais nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons. » Lessing a fait une antithèse fort ingénieuse en disant d’un ouvrage : « Ce livre contient beaucoup de bonnes choses et beaucoup de choses nouvelles. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est que les bonnes choses qu’il renferme ne sont pas nouvelles, et que les choses nouvelles ne sont pas bonnes. »