Analyse

  • Encyclopédie de famille

Analyse, mot grec qui veut dire littéralement, la résolution, la décomposition d’un corps, d’une chose, dans ses principes, ses éléments, d’un tout en ses parties. En logique, c’est l’examen de la proposition dans son ensemble. Elle considère plus les idées que les mots, et sert ou à découvrir la vérité, ou à trouver le moyen d’exécuter ce qu’on se propose. On l’appelle aussi méthode de résolution. En général, il y a cette différence entre l’analyse et la synthèse, que la première remonte des conséquences aux principes, des effets aux causes, tandis que la seconde descend des principes aux conséquences et des causes aux effets. L’analyse est la seule méthode qui puisse donner de l’évidence à nos raisonnements. Elle a cet avantage sur la synthèse, qu’elle n’offre jamais que peu d’idées à la fois et toujours dans la gradation la plus simple.

L’analyse littéraire a pour but de ramener un produit intellectuel à sa composition primitive. Le débarrassant d’aLord de tous les ornements de style, elle permet de distinguer la fable dans tous ses détails, mais rien que la fable ; puis elle élimine successivement les divers incidents, les artifices par lesquels l’auteur a su nous attendrir ou nous réjouir, exciter le rire ou la terreur, les développements qui lui ont servi à captiver notre attention, à la maintenir et à l’augmenter pendant un certain nombre d’actes ou de chants, et par ces éliminations on arrive à l’idée première, à la pensée créatrice qui a inspiré et soutenu le travail de l’écrivain. Cette dissection nous fait assister en quelque sorte au travail du génie, et nous permet de saisir ses procédés, de nous les approprier.

En grammaire, c’est une méthode par laquelle on décompose chaque phrase, afin de découvrir les rapports que ses divers membres ont entre eux, faisant subir à chaque mot qui la compose l’application des règles grammaticales qui le concernent, et celle des diverses combinaisons d’accord et de régime dont il est susceptible, indiquant tour à tour le rang de chaque partie du discours, la fonction qu’elle remplit dans la phrase dont ou s occupe, et rendant compte de la manière dont chacune de ces parties est grammaticalement écrite.

L’analyse s’emploie, en mathématiques, pour la résolution des problèmes et, dans certaines conditions, pour la démonstration des théorèmes. C’est un puissant moyen d’investigation, de recherche, de découverte ; tandis que la synthèse est plutôt une méthode de transmission, d’enseignement, L’analyse va de l’inconnu au connu ; un principe étant énoncé, elle le vérifie et le clause immédiatement au rang des vérités ou des erreurs. La synthèse, au contraire, marchant du connu à l’inconnu, cherche, par des conséquences successives, à déduire des vérités nouvelles de celles qui sont déjà démontrées. C’est à l’emploi de la méthode analytique que les derniers siècles sont redevables es immenses progrès de la science ; l’analyse a servi à fonder la mécanique céleste. Les anciens connaissaient l’analyse comme forme logique de raisonnement ; ils l’appliquaient quelquefois aux constructions de la géométrie ; mais il leur manquait un instrument qui permît de l’employer toujours. Cet instrument admirable, c’est l’algèbre, dont les progrès dans l’origine furent bien plus lents qiie ceux de la géométrie. L’application de l’algèbre à la géométrie, devenant une méthode générale entre les mains de Descartes, fut le triomphe de l’analyse.

Quand les chimistes veulent déterminer la nature d’une substance, soit animale, soit végétale, soit minérale, c’est par l’analyse qu’ils y parviennent. L’analyse est donc un mode d’opération qui consiste à décomposer en ses éléments un corps ou un assemblage de corps quelconque. On distingue l’analyse en qualitative et quantitative. La première ne s’occupe que de constater simplement les différentes espèces de substances existant dans un corps composé donné ; la seconde a pour objet de constater la quantité ou le poids de chacune des substances indiquées par l’analyse qualitative. Les principaux agents de l’analyse sont le calorique, l’électricité, et différents réactifs donnant naissance à des précipités insolubles, ou du moins très peu solubles, exactement connus et déterminés ; Ainsi, par exemple, quand on veut doser l’acide sulfurique, on se sert d’une dissolution de baryte ; le précipité qu’on obtient est du sulfate de baryte insoluble, qu’on ramasse sur le filtre ; après l’avoir lavé et séché, on le pèse. Or, sachant que telle quantité de sulfate neutre de baryte contient tant de baryte et tant d’acide sulfurique, on a nécessairement la quantité d’acide sulfurique qu’on cherche. Pour doser l’acide chlorhydrique, on se sert du nitrate d’argent. Et si la baryte et le Sel d’argent servent à doser l’acide sulfurique et l’acide chlorhydrique, ces deux acides servent réciproquement à doser, l’un la baryte, l’autre l’argent. L’aualysc qui procède par le moyen du calorique s’appelle analyse par voie sèche ; celle qui procède par le moyen des réactifs sur les substances en dissolution s’appelle analyse par voie humide. La dernière donne généralement des résultats plus nets et plus exacts que la première.

Les arts et l’agriculture tirent tous les jours un grand parti de semblables opérations, qui leur procurent, ou des moyens nouveaux, ou des substances qu’il était quelquefois difficile d’obtenir, ou dont le prix était trop élevé pour qu’on pût en faire usage. L’analyse est la base de la chimie, puisque toute opération chimique donne lieu à des décompositions. Son application est très étendue ; elle donne à l’industrie les moyens de reconnaître la nature des matériaux qu’elle emploie, elle indique aux sciences la composition des corps sur lesquels elles opèrent, elle fournit enfin à la justice la révélation d’une foule de crimes et elle en arrache même le secret au tombeau.