Allitération

  • Littérature
  • St. A. Choler
  • Encyclopédie moderne

Allitération. On appelle ainsi la répétition des mêmes consonnes ou des syllabes qui ont le même son. L’allitération peut être un défaut, plus rarement une beauté. Dans certaines littératures et à certaines époques, on a beaucoup recherché les effets qui résultent de cette répétition, effets qui, bien réussis, constituent ce qu’on appelle l’harmonie imitative ; mais enfin on a été forcé de reconnaître que ce n’était la qu’un jeu puéril, sans portée comme sans dignité ; que l’esprit est rarement affecté de ce rapprochement de sons, et que l’oreille ne s’en aperçoit guère que pour en être choquée. On vante cependant quelques vers, très rares, où l’allitération a amené un heureux résultat : Ainsi, chez Virgile :

Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula campum
Luctantes ventos tempestatesque sonoras ;

chez Racine :

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ;
Sa croupe se recourbe en replis tortueux ?

chez Boileau :

Et l’assiette volant
S’en va frapper le mur, et rerient en roulant.

Voilà ce que l’allitération ou l’harmonie imitative a produit de plus remarquable. Cer- tes on ne peut nier qu’un certain effet, atteint dans ces vers par cette résonnance, n’ajoute une petite qualité à d’autres qualités, heureu- sement plus grandes. Mais croit-on que, s’il n’y avait, dans des vers, d’autre perfection qu’une allitération plus ou moins bien réussie, c’en serait assez pour l’éloge ? Non certes ; et sacrifier à un pareil mérite si peu que ce fût de l’idée ou de l’expression, serait de la folie. Ajoutons, ce qui va diminuer encore le peu d’estime accordée à l’harmonie imitative, que l’inspiration est nécessairement incompatible avec une aussi frivole recherche, et que, si le poète inspiré, c’est-à-dire le vrai poète, ren- contre quelquefois l’allitération, cette ren- contre n’est due qu’au hasard.