Albert le Grand

  • Encyclopédie de famille

Albert le Grand, né en Souabe, à Lauingen, eu 1193, ou 1205, était de la famille des comtes de Bollstædt. Il étudia à Padoue, et entra en 1223 dans l’ordre des dominicains, d’après les conseils de Jordanus. Albert, que ses talents hors ligne eurent bientôt fait distinguer, enseigna successivement à Cologne, à Ratisbonne, à Strasbourg, à Hildesheim. Vers 1230 il se rendit à Paris et y ouvrit un cours particulier de philosophie. Il expliqua Aristote, sur une traduction latine incorrecte, et obtint un tel succès, que les salles consacrées à ses leçons s’étant trouvées trop étroites pour contenir l’affluence de ses auditeurs, il fut obligé de professer en plein air sur une place que l’on appela de son nom place de Maître Albert, et ensuite, par corruption, place Maubert. Après avoir été reçu docteur à Paris et y être demeuré trois ans, il retourna professer à Cologne. Saint Thomas d’Aquin, son disciple assidu, qui l’avait suivi à Paris, l’y accompagna encore. Six ans après Albert fut élevé a la dignité de provincial de son ordre pour l’Allemagne, puis envoyé en qualité de nonce en Pologne, pays encore barbare, quoique chrétien. Le pape Alexandre IV, jaloux de posséder à Rome un homme si éminent, le fit maître du sacré palais. C’est dans la capitale de la chrétienté qu’Albert commenta publiquement les épîtres canoniques et l’Évangile de saint Jean. En 1260 il fut promu à l’évêché de Ratisbonne, mais il se démit de ces hautes fonctions trois ans après, et vint reprendre ses leçons à Cologne en 1263. il fut de nouveau arraché à ses études pour aller prêcher la croisade en Bohême et en Allemagne, et, après avoir assisté au concile général de Lyon, en 1274, comme envoyé de l’empereur, il retourna à Cologne, où il mourut, en 1280, dans le monastère qu’il avait choisi pour asile de sa vieillesse. Ses facultés intellectuelles l’avaient abandonné depuis quelque temps.

Albert a laissé un grand nombre d’écrits. On lui attribue en outre beaucoup de livres apocryphes, et ses œuvres se composent principalement de commentaires sur Aristote. Bien qu’il ait écrit sur la théologie, la dialectique et les sciences physiques et mathématiques paraissent avoir toujours formé le principal objet de ses études. Son grand savoir, inouï pour le siècle d’ignorance et de ténèbres où il vivait, le fit passer après sa mort, peut-être même de son vivant, pour un homme doué d’une puissance surnaturelle. Ses travaux sur l’alchimie ont été regardés comme ayant eu pour but la recherche de la pierre philosophale. On prétendit même qu’ils avaient été couronnés de succès. Ses connaissances en chimie et en mécanique furent considérées pendant tout le moyen âge comme le résultat de la sorcellerie et de la magie. C’est ainsi que, sous le nom de Secrets du Grand et du Petit Albert, d’absurdes pratiques superstitieuses ont été mises sur son compte, et se réimpriment encore tous les jours.