Aiguillon

  • Histoire naturelle
  • Duponchel père
  • Encyclopédie moderne

Aiguillon. On donne ce nom, en entomologie, à un organe toujours situé à l’extrémité de l’abdomen des insectes et des arachnides qui en sont pourvus. C’est une arme seulement défensive chez les abeilles et les bourdons qui vivent du suc des fleurs, mais offensive et défensive tout à la fois chez les guêpes, les frelons, les sphèges, et autres hyménoptères qui se nourrissent de proie vivante, ainsi que chez les scorpions, qui sont dans le même cas. Chez ces derniers, la structure de l’aiguillon est très simple : il est formé par le dernier segment de l’abdomen, qui se termine en une pointe arquée et très aiguë. Cette pointe est néanmoins perforée de deux petits trous servant d’issue à un liquide vénéneux contenu dans un réservoir situé à la base de l’aiguillon, c’est-à-dire dans le dernier des six nœuds ou renflements dont se compose la queue de cette arachnide.

Chez les hyménoptères, l’aiguillon est un instrument très compliqué ; et comme son organisation est la même chez tous ceux qui en sont armés, il nous suffira de décrire ici celui de l’abeille, pour en donner une idée aussi complète que possible. Cet instrument, vu à l’œil nu, ressemble à une simple pointe, très mince et très acérée ; mais si on l’examine à la loupe, on voit que cette pointe se compose d’une gaine cornée, renfermant deux soies, dont la réunion constitue le dard ou véritable aiguillon. La base ou l’origine de cette gaine et de son contenu consiste en neuf pièces ; quatre de chaque côté, et une médiane en forme de V ; les branches de cette dernière, dirigées en avant, s’articulent avec la gaine. Toutes ces pièces innommées jusqu’à présent, sont représentées dans la fig. 10 de la planche 33 d’Hist. naturelle ; elles sont enveloppées d’une membrane très résistante, qui adhère aux parois internes du dernier segment de l’abdomen. Leur usage est non-seulement de faire sortir l’aiguillon de l’abdomen et de l’y faire rentrer, mais encore de le diriger dans tous les sens, à la volonté de l’insecte.

Nous avons déjà dit que l’aiguillon se compose de deux soies renfermées dans une gaine. Celle-ci n’est pas un véritable étui, mais bien une espèce de gouttière dont les bords sont très rapprochés, et dans laquelle viennent se loge les deux soies. Ces dernières, très solides, quoique très grêles, sont sillonnées sur leur face interne, et dentelées extérieurement. Écartées à leur origine, c’est-à-dire à leur point d’attache aux pièces cartilagineuses dont nous avons parlé plus haut, elles peuvent se mouvoir chacune séparément, puis se réunir pour entrer dans la gaine.

Lorsque l’insecte veut faire usage de son arme, il la fait sortir de son abdomen, en contractant, à diverses reprises, les muscles qui l’attachent au dernier anneau de cette cavité. Les fibres charnues de la base entrent alors en action ; la gaine, au moyen de sa pointe acérée, pénètre dans le corps qu’elle rencontre, et fournit aussitôt un point d’appui à sa base : les muscles de cette partie, en agissant, font mouvoir sur leur coulisse les soies, qui elles-mêmes s’introduisent plus profondément dans la peau ou tout autre corps que la gaine a percé, et y adhèrent quelquefois d’une manières intime, à cause des dentelures qui les garnissent extérieurement, que l’aiguillon tout entier se sépare du corps de l’animal, pour rester dans la plaie qu’il a faite ; dans ce cas, l’insecte ne tarde point à périr, car cette séparation ne peut se faire sans déchirure du rectum et de l’oviducte.