Affranchissement

  • Encyclopédie de famille

Affranchissement. À côté de l’esclavage on trouve, chez presque tous les peuples qui l’ont admis, l’habitude, réglée par les coutumes et les lois, de rendre la liberté à ceux qui ont mérité cette faveur. Chez les Hébreux, les Athéniens, ainsi qu’à Rome, l’esclave pouvait se racheter par son pécule. Chez les Romains l’affranchissement s’appelait manumissio, ce qui veut dire mise hors de main, mise hors de puissance. Il s’opérait de diverses manières. Tant que le titre de citoyen romain eut une haute valeur, l’affranchissement, ayant pour but l’admission d’un nouveau membre dans la cité, fut un acte public, dans lequel comparaissaient avec solennité les trois parties intéressées à ce changement d’état, l’esclave, le maître, et la cité qui allait recevoir un nouveau citoyen et approuvait la demande qui lui était faite par l’entremise des magistrats. A dater du règne de Servius Tullius, les affranchissements se firent par le cens. Au moyen du recensement quinquennal des citoyens, le chef de famille faisait inscrire sur les livres publics, comme homme libre, l’esclave qu’il voulait affranchir, et du jour des cérémonies lustrales l’inscrit devenait citoyen. Quand un homme libre était injustement retenu comme esclave, tout citoyen pouvait se porter son champion et intenter un procès à celui qui s’en prétendait maître. On se servit de ce moyen pour arriver à l’affranchissement d’un véritable esclave. Un ami ou le licteur soutenait devant le magistrat que l’esclave était libre ; le maître, jouant le rôle de défendeur, ne contredisait point cette assertion, et le magistrat, donnant gain de cause au demandeur, proclamait l’esclave en liberté. Tout cela se faisait avec des gestes et des paroles consacrés, et en employant une baguette (vindicta) dont le demandeur était arme, et qui, lance symbolique, était le glorieux signe de la propriété chez les Romains : c’est ce qui fit donner à cet affranchissement le nom de vindicte. L’affranchissement se donnait aussi, et très fréquemment, par acte de dernière volonté. Ce fut même une habitude admise par la vanité des riches de donner la liberté à un grand nombre d’esclaves à l’époque de leur décès, afin qu’une foule nombreuse assistât à leurs funérailles. Peu à peu l’usage s’établit d’accorder la liberté aux esclaves par une déclaration faite verbalement, au milieu d’amis ou par écrit, enfin par plusieurs autres modes qu’introduisirent les constitutions des empereurs, tels que de donner dans un acte public le nom de fils à son esclave, de remettre ou déchirer en présence de cinq témoins les titres de servitude. Ces divers modes de conférer la liberté, qu’on peut appeler privés, ne donnaient pas a l’esclave la liberté pleine ;. il n’avait qu’une liberté de fait, qui le dispensait du service, mais qui n’empêchait pas tous les autres effets de la servitude : ainsi tout ce qu’il acquérait appartenait à son maître, qui s’en emparait après sa mort par droit de propriété.