Absinthe

  • Encyclopédie de famille

Absinthe, plante vivace, qui croit spontanément sur les montagnes et dans les lieux incultes et rocailleux. Sa tige est haute d’un mètre environ ; ses feuilles, profondément découpées, sont couvertes d’un duvet cotonneux ; ses fleurs, jaunes, sont disposées en panicule au sommet des tiges. Cette plante exhale une odeur aromatique très forte ; elle a une saveur chaude et amère. L’absinthe agit d’une manière très active sur l’économie animale, et on l’emploie avec succès dans les maladies où l’usage des excitants est indiqué. On administre l’infusum aqueux et vineux d’absinthe comme tonique et stomachique, comme diurétique, vermifuge, etc.

L’absinthe chasse les charançons et les artisons du blé ; on conseille d’en suspendre des branches dans les greniers, dans les armoires où il y a des étoffes de laine ou des pelleteries. Cette plante exerce une heureuse influence au contraire sur les vers à soie, en activant leur puissance de sécrétion.

On prépare avec l’absinthe une liqueur de table dont il se fait maintenant une grande consommation. Pour l’obtenir on fait macérer dans l’alcool des feuilles d’absinthe majeure et mineure, des racines d’angélique et de calamus, des feuilles de dictame de Crète et de badiane, puis l’on distille en y ajoutant de l’essence d’anis. M. Bouchardat dit que l’on colore cette liqueur avec du jus d’ortie ou d’hysope, du curcuma ou de l’indigo, et parfois avec du sulfate de cuivre ou vert de gris, afin d’obtenir une belle coloration verte. Cette liqueur produit des effets pernicieux par l’usage trop fréquent, et des médecins lui attribuent l’accroissement des morts subites que l’on remarque depuis quelques années.

L’habitude de l’absinthe porte presque invinciblement les consommateurs à en augmenter les doses ; elle affaiblit l’intelligence, amène des hallucinations, une sorte de folie et s’oppose à toute nutrition normale et réparatrice, par suite de l’obstacle qu’elle apporte à la digestion et du dégoût qui en résulte pour les aliments. Il en est des buveurs d’absinthe chez nous comme des fumeurs d’opium en Chine et de haschich en Turquie : les uns et les autres se procurent ainsi une sorte d’ivresse pleine d’hallucinations et de rêveries qui exalte momentanément leurs sensations, amoindrit par degrés et anéantit en eux le sentiment de la faim et l’instinct de la conservation. Encore si l’on buvait la liqueur homicide telle qu’elle résulte de la distillation de la plante qui lui a donné son nom, mais la fraude y introduit divers ingrédients qui ajoutent aux pernicieux effets de ce poison verdâtre, soi-disant apéritif.