Urine

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Urine. Liquide sécrété par les reins. On distingue plusieurs sortes d’urines saines : celle qui est expulsée peu d’heures après qu’une grande quantité de boisson a été introduite dans l’estomac ; celle qu’on rend peu de temps après le repas ; celle sur la sécrétion de laquelle une passion vive a influé ; celle enfin dont la sortie suit la digestion complète des aliments et le mélange du chyle avec le sang. Ces variétés peuvent être réduites, pour abréger, à deux principales, qu’on appelle urine de la boisson, et urine de la digestion ; la dernière est la seule qu’on range dans la seconde catégorie. Au total, nul liquide animal n’est plus sujet que l’urine à varier d’individu à individu, et même à différentes périodes parfois peu éloignées, chez le même sujet.

Lorsqu’elle vient d’être évacuée, et qu’elle n’a pas encore perdu sa chaleur, c’est un liquide transparent et d’une légère couleur ambrée, qui exhale une odeur aromatique, et qui a une saveur amère et désagréable, Son odeur disparaît à mesure qu’elle se refroidit, et est remplacée par une autre, désignée sous le nom d’urinerse, laquelle l’est à son tour par une troisième, comparable à celle du lait aigri ; après quoi enfin se manifeste par degrés une odeur forte et ammoniacale.

Récente, elle rougit le papier de tournesol. Sa pesanteur spécifique est estimée, terme moyen, à 1,0125. Suivant Berzélius, 1,000 parties de ce liquide contiennent : eau, 933 ; urée, 30,10 ; acide urique, 1,00 ; aride lactique, lactate d’ammoniaque et matière animale, 17,14 ; mucus vésical, 32 ; sulfate de potasse, 3,16 ; phosphate de soude, 2,94 ; phosphate d’ammoniaque, 1,63 ; hydrochlorate de soude, 4,45 ; hydrochlorale d’ammoniaque, 1,50 ; phosphate terreux, avec quelques parcelles de fluate de chaux, 1,00 ; silice, 0,03.

D’importantes expériences ont été faites par Chossat pour connaître l’influence que le genre d’alimentation exerce sur l’ensemble des matériaux de l’urine autres que l’eau, c’est à-dire sur ce qu’il appelle l’urine solide. Il a reconnu que le poids de cette dernière ne diffère pas, quand celui de l’aliment reste le même ; qu’il croit avec l’aliment, pourvu qu’on ne compare ensemble que des régimes appartenant à une même classe, et que par conséquent l’accroissement de la sécrétion solide se trouve, jusqu’à un certain point, proportionnel à celui de l’aliment. Il s’est convaincu aussi que c’est la quantité d’azote contenue dans ce dernier qui parait plus spécialement fixer la sécrétion solide qu’il fournit, et qu’on retrouve dans celle-ci les dix onzièmes de celui qui a été ingéré avec les aliments, tandis que le carbone se dissipe principalement par le poumon. Il a trouvé que la sécrétion reste au minimum pendant les deux premières heures du séjou de l’aliment dans l’estomac, qu’elle augmente rapidement dans les deux heures suivantes, et qu’elle se maintient ensuite au maximum pendant quatre ; de sorte que la marche de ce phénomènes trouve parfaitement en rapport avec celle de la formation du chyle et de son arrivée dans le sang. Enfin, il s’est convaincu que l’ingestion de l’aliment est toujours suivie d’une augmentation dans la sécrétion de l’urine solide ; d’où il suit que le chyle est la source de cette dernière.

Outre les matériaux énumérés précédemment, dont les proportions peuvent varier beaucoup sous l’influence de divers états morbides des organes urinaires, l’urine présente encore, dans les mêmes circonstances, de l’albumine, de la fibrine, des globules rouges du sang, de l’acide nitrique, de l’acide oxalique, de l’acide benzoïque , de l’acide carbonique, de l’oxyde xenthique, de l’oxyde cysque, du sucre, de la bile, du pus, et quelques autres substances encore peu connues ou mal déterminées, comme par exemple l’acide mélanique. La quantité d’eau augmente dans l’urine chez les hystériques, et dans diverses affections appelées nerveuses ; le liquide est alors abondant, pâle, limpide, et d’une pesanteur spécifique moindre que dans l’état normal. A l’état contraire, la diminution de l’eau, peut se joindre tantôt la persistance des proportions ordinaires des autres principes, tantôt même l’augmentation de ces derniers ,deux cas également susceptibles d’une foule de nuances.

L’urine a fait le sujet de très longs travaux ; et cependant à peine sommes-nous certains de posséder quelques légers aperçus sur son histoire ; les chimistes eux-mêmes ne sont pas d’accord sur sa composition : ce qui doit peu surprendre,en raison des nombreuses modifications que mille et mille circonstances externes et internes lui font éprouver dans l’état de santé, sans parler de celles, innombrables peut-être, qu’elle subit dans l’état de maladie. Les médecins l’ont moins étudiée encore, ou, pour parler plus exactement, l’ont moins examinée dans un esprit propre à rendre leurs recherches fructueuses ; ils se sont attachés uniquement à ses qualités sensibles, sans avoir égard à l’état correspondant de sa composition , et presque toujours sans songer à celui des viscères qui la fournissent et qui la tiennent en dépôt : aussi tout ce qu’ils nous ont laissé sur l’uroscopie n’est-il presque d’aucun secours, quelque haute impoi tance que la routine y fasse encore attacher par certaines personnes. Il suffira d’en citer un exemple. Landré-Beau vais assure que quand le nuage, c’est-à-dire l’amas de matières légères qui se forme un peu au-dessous de la surface, reste fixe pendant plusieurs jours sans changer de place, il fait connaître que la coction ne peut se faire, que les efforts sont insuffisants et irréguliers, et que l’on doit craindre des spasmes ou du délire ; il ajoute que ces pronostics sont d’autant plus certains que l’urine est plus limpide et plus pâle , que le nuage est plus épais et se déplace moins facilement ; mais, continue-t-il, plus ce nuage est léger, plus il s’étend en forme de rayons vers la partie inférieure, plus il tombe vite, et moins le pronostic est fâcheux, car il indique seulement alors que la maladie sera longue ; plus ensuite il se précipite , et plus on est en droit d’espérer une prompte guérison ; enfin , quand les urines du quatrième jour en contiennent un de bonne qualité, c’est l’annonce d’une crise le septième. Peut*on croire que de pareils indices aient été considérés comme infaillibles, aient fixé l’attention des gens habitués à raisonner, ou obligés à le faire? Ce n’est pas dans cette direction, véritablement ridicule, qu’il faut étudier aujourd’hui les variations normales et anormales de l’urine pour en tirer des documents applicables soit à la physiologie, soit à la pathologie. (Voyez : Taille et Vessie).