Wagram

  • Géographie et Histoire
  • O. de Watteville
  • Encyclopédie moderne

Wagram. Village de l’archiduché d’Autriche, sur la rive gauche du Russbach, à quatre lieues au nord-est de Vienne.

Wagram est devenu célèbre par la victoire que les Français y remportèrent le 6 juillet 1809. Dès le 16 avril, Napoléon annonçait ainsi à son armée la formation d’une coalition nouvelle et la reprise des hostilités :

« Soldats ! le territoire de la confédération du Rhin a été violé. Le général autrichien veut que nous fuyions à l’aspect de ses armes, et que nous lui abandonnions nos alliés. J’arrive avec la rapidité de l’éclair.

« Soldats ! j’étais entouré de vous lorsque le souverain de l’Autriche vint à mon bivac de Moravie ; vous l’avez entendu implorer ma clémence et me jurer une amitié éternelle. Vainqueurs dans trois guerres, l’Autriche a dû tout à notre générosité ; trois fois elle a été parjure !….Nos succès passés sont un sûr garant de la victoire qui nogs attend. Marchons donc, et qu’à notre aspect l’ennemi reconnaisse son vainqueur ! »

En effet, profitant de l’irrigation générale de l’Allemagne contre le système français, comptant sur les promesses de diversions de l’Anglelerre, le cabinet autrichien venait de rompre 1a paix jurée. Il était sûr de l’appui secret de la Prusse et de la Russie. Grâce aux subsides de l’Angleterre, il avait pu réparer les pertes de ses armées, et 350,000 hommes étaient, mis sous les ordres de l’archiduc Charles, le plus illustre des généraux qui luttèrent contre l’empereur. Mais Napoléon, accouru du fond de l’Espagne, et n’ayant pour commencer les hostilités que les troupes de la confédération du Rhin, des Bavarois, des Badois, des Wurtumbergeois, sut manœuvrer avec tant de promptitude, d’habileté, qu’il parvint à isoler les différents corps de l’armée ennemie. Pendant neuf jours, et sur un champ de bataille de plus de soixante lieues, on se battit, à Tann, à Abensberg, à Eckmühl, à Peising, à Landshut, à Ratisbonne. Et après ces combats gigantesques l’empereur put dire à son armée :

Soldats ! vous avez justifié mon attente. Vous avez suppléé au nombre par la bravoure. Cent pièces de canon, quarante drapeaux, cinquante mille prisonniers, trois équipages de pont, trois cervts voitures attelées portant les bagages, toutes les caisses des régiments, voilà les résultats de la rapidité de vos marches et de votre courage.

« L’ennemi, enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver un souvenir de vous. Son réveil a été prompt… Naguère il se proposait de porter les armes au sein de notre patrie ; aujourd’hui défait, épouvanté, il fuit en désordre, et déjà mon avant-garde a passé l’Inn. Avant un mois, nous serons a Vienne.

Il n’en fallut pas tant. Cette proclamation était du 25 avril ; et le 10 mai l’année française, après la sanglante victoire d’Ebersberg, était sous les murs de la capitale de l’autriche, que l’empereur François et sa cour venaient d’abandonner en toute hâte. Un bombardement de quelques heures nous rendit maîtres de celle cité. Il ne restait plus, pour obtenir la paix, qu’à franchir le Danube, et à vaincre une dernière fois à Essling les troupes de l’archiduc, concentrées sur la rive gauche du fleuve. Déjà une partie de la grande armée avait pu joindre l’ennemi lorsque, par une crue subite , les eaux du fleuve débordé, emportant les ponts qui mettaient en communication l’armée française et ses réserves, vinrent tout remettre en question« Huit divisions, dont les munitions étaient épuisées, les pièces démontées, eurent à soutenir l’effort d’une armée deux fois plus nombreuse. — Mais les attaques des Autrichiens ne purent entamer la vieille garde, ce bloc de granit ; et Napoléon resta maître des positions qu’il occupait. Après quarante huit heures d’un combat dans lequel vingt mille hommes avaient perdu la vie, l’armée put repasser le Danube, emmenant avec elle toute sou artillerie, ses nombreux blessés, quinze cents prisonniers, et quatre drapeaux.

Les Autrichiens, dont les pertes avaient été égales si ce n’est supérieures à celles des Français, ne purent ou n’osèrent rien tenter pour troubler la retraite. Elle s’opéra sur l’Ile Lobau, où toutes les troupes purent se concentrer.

Dans un espace d’environ un myriamètre, l’on peut compter sur le Danube environ cent cinquante îles. La plus considérable est l’île Lobau, dont la superficie est à peu près de deux lieues. Cette île, comme toutes celles qui l’avoisinent, est couverte de bois, un peu marécageuse, et servait aux chasses de l’empereur d’Autriche. Séparée de la rive droite par un bras du fleuve dont la largeur est de sept cent quatre-vingts mètres, elle ne l’est de la rive gauche que par ce qu’on appelle le Bras-Mort, dont la largeur varie entre cent quatre-vingts et cent quarante mètres. — Le Bras-Mort décrit en cet endroit une courbe prononcée, dont la partie la plus saillante est en face Enzersdorf, c’est-à-dire au centre de la ligne occupée par l’archiduc. — Au dessus et au-dessous de Lobau se trouvaient des îles alors occupées en partie par les Français, en partie par l’ennemi.