Unio

  • Histoire naturelle
  • E. Desmarest
  • Encyclopédie moderne

Unio. On désigne sous les noms d’unio, de mulette et de moules d’eau douce un genre de mollusques de la famille des mytilacés, G. Cuvier, créé par Bruguière, et qui, d’après les naturalistes modernes, doit comprendre non-seulement les mulettes proprement dites ou unios, mais encore les anodontes, hyries, castalies, et correspondre presque entièrement à la famille des nayades de de Lamarck, qui toutefois renferme en outre les éthéries et les iridines. Nous croyons cependant devoir dire ici quelques mots de tous ces groupes génériques.

L’animal des unios, de même que celui des anodontes et groupes voisins, est plus ou moins ovale, assez épais ; son manteau, à bords libres, épais, le plus souvent simples, quelquefois ailés, est ouvert dans toute son étendue sans former une ouverture particulière pour l’anus ; la partie postérieure des lobes du manteau est épaissie, frangée et imitant le siphon branchial des mollusques siphonifères. La coquille est transverse, équivalve, inéquilatérale, libre, à crochets écorchés presque constamment au sommet ; il y a quatre impressions musculaires : deux grandes pour les muscles adducteurs, deux petites à côté des grandes pour les muscles rétracteurs du pied ; la charnière à deux dents sur chaque valve : l’une cardinale, courte, irrégulière, simple ou divisée en deux, substriée : l’autre allongée, comprimée, latérale ; le ligament est extérieur.

Les mulettes, dont nous venons de donner particulièrement la caractéristique, sont abondamment répandues dans les rivières d’Europe et d’Amérique : toutes présentent intérieurement une nacre brillante et ornée des plus vives couleurs : à l’extérieur les coquilles sont presque toujours noirâtres ou d’une teinte brune cuivreuse. On en connaît un grand nombre d’espèces ; aussi a-t-on cherché à les subdiviser en plusieurs groupes ; mais on n’est pas parvenu à le faire convenablement jusque ici, car il est très difficile de distinguer les espèces entre elles, parce qu’on passe de l’une à l’autre par des transitions insensibles. Un passage pareil existe entre les anodontes et les mulettes ; depuis les mulettes qui ont la coquille la plus épaisse et la charnière la mieux prononcée jusqu’à celles qui deviennent minces et qui offrent à peine quelques traces rudimentaires de la charnière, et l’on arrive aux anodontes, qui n’en ont plus du tout.

Les deux principales espèces de ce genre sont la mulette sinuée (unio sinuata de Lamarck) qui est de grande taille, se trouve dans les rivières d’Europe : sa nacre est assez belle pour pouvoir être employée à la parure des femmes ; et la mulette des peintres (unio pictorum de Lamarck) : espèce assez petite, oblongue, mince, à nacre argentée, brillante, et qui se rencontre communément dans la Seine. Les espèces fossiles de mulettes ont apparu pour la première fois dans les terrains wealdiens ; on en cite quelques-unes dans les terrains crétacés et dans les terrains tertiaires ; mais elles sont très rares dans l’étage écocène, où elles semblent remplacées par les cyrènes.

Les anodontes, que l’on confond aujourd’hui avec les mulettes, sont nombreuses en espèces, et l’une des plus connues est l’anodonte dilatée (anodonta cygnea de Lamarck), dont la coquille est grande, très mince, large et dilatée en arrière et en haut, dont la nacre est très argentée, et qui se trouve communément dans les lacs et les étangs d’une grande partie de l’Europe. Ou en a décrit des espèces fossiles qui se rapportent principalement aux couches de conglomérat et de lignites inférieures à l’argile plastique de Meudon. Ce groupe, ainsi que les suivants, a été créé par de Lamarck.

Les hyries et les castalies ne diffèrent pas très notablement des unios ; la forme de la coquille des castalies peut toutefois servir pour fonder une subdivision de peu de valeur.

Les éthéries sont des mulettes adhérentes, et elles sont modifiées pour cette manière de vivre. La coquille est irrégulière, et l’adhérence des individus se fait dans la même espèce, tantôt par la valve droite, tantôt par la gauche : le test est boursouflé à l’intérieur et formé entièrement de lamelles irrégulières, plus écartées et plus nombreuses que celtes des huîtres : la charnière a de l’analogie avec celle de ces derniers mollusques. Les éthéries vivent en famille, et constituent des amas très considérables d’individus ; elles proviennent des eaux douces de l’Afrique équatoriale, et l’on n’en connaît qu’un petit nombre d’espèces.

Enfin les iridines, qui se différentient par l’existence de deux siphons, tandis qu’il n’y en a toujours qu’un seul dans tous les groupes que nous venons de passer en revue, s’éloignent davantage des mulettes. Les lobes du manteau de l’animal de ce genre se joignent à la base, et leur commissure remonte vers le tiers inférieur de leur longueur : le manteau n’est pas seulement perforé à son extrémité postérieure, il se prolonge en deux siphons courts, réunis dans toute leur longueur et garnis de papilles à leur extrémité. Les valves de la coquille présentent dans leur intérieur, au côté antérieur, deux grandes impressions musculaires nettement séparées, et ainsi il y a trois impressions musculaires, ce qui n’a pas lieu dans les mulettes proprement dites. Le nombre des espèces d’iridines est peu considérable : presque toutes proviennent des eaux douces de l’Afrique centrale, mais on en a décrit une que l’on croit propre aux eaux douces de la Chine, Nous indiquerons comme type l’iridina nilotica, qui a été découverte en Égypte par M. Caillaud, et sur laquelle M. Deshayes a publié un beau travail anatomique, qui a servi à établir les véritables caractères du genre.