Trasulle

  • Dictionnaire infernal

Trasulle. Tibère, étant à Rhodes, voulut satisfaire sa curiosité relativement à l’astrologie judiciaire. Il fit venir l’un après l’autre tous ceux qui se mêlaient de prédire l’avenir ; il les attendait sur une terrasse élevée de sa maison au bord de la mer. Un de ses affranchis, d’une taille haute et d’une force extraordinaire, les lui amenait là à travers les précipices ; et si Tibère reconnaissait que l’astrologue n’était qu’un fourbe, l’affranchi ne manquait pas, à un signal convenu, de le précipiter dans la mer.

Il y avait alors à Rhodes un certain Trasulle, homme habile dans l’astrologie, disait-on, mais incontestablement d’un esprit très adroit. Il fut conduit comme les autres à ce lieu écarté, assura à Tibère qu’il, serait empereur et lui prédit beaucoup de choses futures. Tibère lui demanda ensuite s’il connaissait ses propres destinées et s’il avait tiré son propre horoscope. Trasulle, qui avait eu quelques soupçons, car il n’avait vu revenir aucun de ses confrères, et qui sentit redoubler ses craintes en considérant le visage de Tibère, l’homme qui l’avait amené et qui ne le quittait point, le lieu élevé où il se trouvait, le précipice qui était à ses pieds, regarda le ciel comme pour lire dans les astres ; bientôt il s’étonna, pâlit et s’écria épouvanté qu’il était menacé d’une mort instante. Tibère, ravi d’admiration, attribua à l’astrologie ce qui n’était que de la présence d’esprit et de l’adresse, rassura Trasulle en l’embrassant, et le regarda comme un oracle.