Pampas

  • Géographie
  • A. Marceau
  • Encyclopédie moderne

Pampas. On donne ce nom de pampas, qui appartient à l’une des langues indigènes de l’Amérique du Sud, à de vastes plaines qui s’étendent de Buenos-Ayres jusqu’au pied des Andes. Desséchées en été, ces plaines se couvrent dans la saison des pluies d’une espèce de trèfle dont la fleur est d’un bianc jaunâtre. Dépourvues d’arbres, elles ne sont arrosées que par quelques ruisseaux saumâtres, sur les bords desquels viennent camper des hordes nomades. Elles sont plus ou moins imprégnées de sel ; le salpêtre y abonde aussi, et il arrive souvent qu’après une pluie le sol en est entièrement blanchi, comme d’une couche de neige. L’aspect des pampas a, du reste, quelque analogie avec celui des llanos de l’Orénoque et des savanes de l’Amérique septentrionale. Au milieu de ces plaines immenses paissent en liberté d’innombrables troupeaux de bœufs et de chevaux sauvages, issus de ceux qu’y amenèrent les premiers conquérants européens. Les bœufs fournissent les peaux et les cuirs de Buenos-Ayres, si estimés en Europe ; ce sont les Gauchos qui leur font la chasse, et qui en abattent jusqu’à deux cent mille par an , avec de longs lacets garnis de plomb, dont ils se servent avec une admirable dextérité. Ces Gauchos, que nous venons de nommer, habitent le nord des pampas, depuis Buenos-Ayres jusqu’à San-Luiz de Mendoza ; ils sont d’origine espagnole, et descendent des familles établies dans ce pays à l’époque de la conquête ; mais la chaleur du climat, et plutôt encore leur mélange avec les Indiens, ont bronzé leur teint et modifié leur physionomie primitive. Toujours à cheval, rappelant, pour ainsi dire, les centaures de la fable, chasseurs et bergers, ils regardent comme indigne d’eux de fouler la terre ; ils vivent dans l’indépendance la plus absolue, et se distinguent par leur bravoure et leur hospitalité. Les chevaux dont ils se servent, peu remarquables par leur encolure, ont le pied sûr, une grande vivacité de mouvements, une agilité extraordinaire, de la douceur, du courage, de la sobriété. On ne les élève point dans les écuries, ils sont lâchés dans les pampas, où l’on va les chercher quand on en a besoin ; on conçoit dès lors qu’ils doivent être d’un prix très modique ;aussi dans les États de Buenos Ayres et de Monte-Video tout le monde sort-il monté, et n’est-il pas rare de voir un mendiant implorer à cheval la charité publique.

Quelques Indiens indomptés errent dans les pampas vers l’ouest et vers le sud, et ne vivent que de pillage ; ils sont tellement redoutés, que les conducteurs de charrettes à boeufs, seul moyen de communication entre Buenos-Ayres et le Pérou, se réunissent en caravanes pour repousser leurs attaques.