Libellule

  • Histoire naturelle
  • E. Desmarest
  • Encyclopédie moderne

Libellule. Linné avait désigné sous ce nom un genre d’insectes de l’ordre des névroptères ; les entomologistes modernes ont fait de ce genre une tribu distincte, qu’ils désignent sous les noms de libellulides, libellulites, libellitiens, subulicornes, odonates, etc. Ces insectes, auxquels on donne vulgairement le nom de demoiselles, à cause de leur extrême agilité, de leur élégance de formes, de l’éclat de leurs couleurs, etc., sont principalement caractérisés par leur tête, qui est très grosse, offre des yeux très dévèloppés et supporte de petites antennes ; par leurs ailes, qui sont transparentes, très réticulées, les postérieures aussi longues ou presque aussi longues que les antérieures ; par les pièces très développées de leur bouche ; enfin par leurs tarses, qui sont constamment de trois articles.

On connaît un très grand nombre d’espèces de libellules : M. Blanchard dit qu’on en a décrit plus de quatre cents ; MM. Selys-Longchamps et Hagen,qui ont publié récemment un travail important sur les insectes de cette tribu, en décrivent une centaine, exclusivement propres à l’Europe.

A l’état parfait les libellules semblent avoir une vie assez longue, contrairement à ce qui a lieu habituellement chez les autres insectes. On les voit, pendant tout l’été, dans les environs des eaux, où elles volent avec une grande légèreté et une vitesse extraordinaire, rasant, la plupart du temps, la surface des eaux et planant par intervalles. Leur régime est éminemment carnassier, et elles s’emparent facilement des petits animaux, qu’elles poursuivent an vol. Leur corps et surtout leurs ailes présentent les plus brillantes couleurs.

C’est dans l’intérieur même de l’eau que les femelles vont déposer leurs œufs ; bientôt de ces œufs sortent de petites larves qui se traînent dans la vase du bord des étangs ou dans le sable du bord des rivières, et mettent souvent un an entier à prendre tout leur accroissement. Les nymphes ressemblent assez aux larves et n’en diffèrent que par le plus grand allongement de leur corps, ainsi que par la présence d’ailes. Sous ces deux états les libellules sont également carnassières ; mais leur mode de locomotion, assez incomplet, ne leur permet que de se traîner lentement et ne les rend pas aussi redoutables pour les autres animaux que lorsqu’elles sont parvenues à leur état parfait. Leur couleur est en général d’un gris brunâtre ou verdâtre ; mais la vase qui recouvre souvent leurs téguments les fait paraître très sales.

A l’époque où les nymphes doivent se transformer elles quittent l’eau, montent sur les plantes qu’elles rencontrent ; et là, sous l’influence du soleil, leur peau se durcit, il s’y fait une ouverture, et l’insecte parfait en sort.