Jacques Saurin

  • Encyclopédie de famille

Saurin (Jacques), le plus renommé des orateurs protestants, naquit le 6 janvier 1677, à Nîmes. Forcé par la révocation de l’édit de Nantes de fuir en pays étranger avec son père, il se réfugia successivement à Genève, où il termina son éducation, à Londres, où il remplit les fonctions de pasteur de l’église wallonne, enfin à La Haye, où il exerça pendant vingt-cinq ans le ministère de la parole, avec un succès prodigieux. Il y mourut, d’une maladie de poitrine, le 30 décembre 1730. Aucun orateur sacré n’a surpassé Saurin par l’éloquence. Dans quelques-un de ses sermons, on croirait entendre, comme l’a dit Lemontey, Démosthène ou Bossuet ; c’est la même rapidité dans les mouvements, la même hauteur, la même sublimité d’inspiration. C’est surtout dans cet admirable Sermon sur l’aumône que les traits les plus puissants, les plus imprévus de l’éloquence, partent évidemment des profondeurs de l’âme et des entrailles émues de l’orateur. On a reproché avec raison à Saurin des divisions et des subdivisions arbitraires, des citations fréquentes de passages empruntés à des traductions surannées, des locutions peu élégantes et qui sentaient le terroir étranger. Ses grands talents lui avaient suscité des envieux. On fit Condamner par un synodê une dissertation de lui Sur le mensonge officieux, en envenimant et torturant quelques expressions dont il repoussait en vain l’interprétation calomnieuse. Ce chagrin empoisonna et hâta ses derniers jours. La première partie des Sermons de Saurin fut publiée par lui-même (La Haye, 1721-25, 5 vol.) ; ce sont les meilleurs. L’édition complète en 12 vol. in-8o (La Haye, 1749) est la plus estimée.