Grenadiers

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Grenadiers. C’est en France que l’institution des grenadiers a pris naissance. Dans les quatorzième, quinzième et seizième siècles, on donnait le nom d’enfants perdus à des soldats d’élite, ordinairement placés aux avant-postes, et choisis dans les bandes les mieux disciplinées. On en formait quelquefois de petits corps détachés, destinés à marcher en tête des colonnes d’attaque. Ils servaient pour éclairer les marches et les convois ; c’étaient eux aussi qui avaient l’honneur de monter les premiers à l’assaut d’une place. On les arma de grenades en 1536, époque de l’invention de ce projectile, et on les employa dans les sièges, à jeter à la main cette arme meurtrière. Ils prirent le nom de grenadiers en 1667 , et on en plaça d’abord quatre dans chaque compagnie d’infanterie. Il est à remarquer que lors de l’institution de cette troupe d’élite on ne tenait pas exclusivement à la taille ; il suffisait d’avoir une bonne constitution et une bravoure éprouvée. On exigea depuis des conditions qui furent rigoureusement observées : il fallut avoir six ans de service et la taille de 5 pieds 4 pouces. La première de ces conditions fut ensuite réduite à quatre, puis à deux ans.

Les premiers grenadiers portaient une hache, un sabre et une grenadière, ou sac de cuir contenant douze à quinze grenades. Lorsqu’en 1671 le mousquet fut remplacé par le fusil, on donna cette arme à une grande partie des grenadiers ; ils en étaient tous armés vers la fin du règne de Louis XIV.

La grenade, qui varia beaucoup dans son poids et son calibre, était garnie de poudre, et on y mettait le feu avec une mèche. D’après Gassendi, les anciennes grenades étaient préférables aux grenades plus pesantes qui leur ont été substituées, et qui sont en usage de nos jours.

En 1670 on créa une compagnie de grenadiers dans le régiment du roi ; bientôt une création semblable eut lieu dans chacun des trente plus anciens régiments, et successivement chaque bataillon finit par avoir sa compagnie de grenadiers. Dès que ces compagnies devinrent l’élite de l’infanterie, on cessa de les exercer au jeu de la grenade. Les troupes du génie furent les seules qui apprirent l’usage de ce projectile.