Fumées volcaniques

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Fumées volcaniques. Dans tous les sols volcaniques où se trouvent des bouches actives, et même dans quelques-uns de ceux où il ne s’est point fait d’éruption depuis les temps historiques, on voit sortir par les cratères, par les crevasses des cônes, et même par les fentes du sol, de la fumée plus ou moins épaisse, répandant une odeur sulfureuse ou muriatique plus ou moins forte. A l’approche des crises volcaniques, la quantité de fumée qui sort ordinairement des cratères augmente d*une manière très notable. Celle des crevasses devient aussi beaucoup plus abondante, plus épaisse, et ce dégagement de fumée continue pendant tout le temps de la crise.

La fumée qui sort aussi des évents volcaniques est principalement composée de vapeur d’eau. Celle-ci est mélangée de quantités variables de gaz acide sulfureux, d’acide sulfhydrique, d’acide chlorhydrique, et d’acide carbonique. La fumée des volcans est quelquefois tellement acide qu’elle détruit la végétation des contrées sur lesquelles elle passe ; elle l’est, au contraire, quelquefois assez peu pour qu’on puisse la respirer sans en être incommodé : dans l’éruption du Vésuve de 1843, dont j’ai été témoin, la fumée qui sortait des crevasses m’a paru ne contenir que de l’acide chforhydrique, et en assez petite quantité pour que j’aie pu demeurer pendant cinq à six minutes dans plusieurs fumerolles, sans être incommodé. Celle de la solfatare de Pouzzoles contenait une si grande quantité d’acide sulfureux, qu’on était suffoqué en approchant des fumerolles.

La lave rouge qui coule, et la lave noire qui se refroidit, fument notablement et continuellement. Cette fumée est presque uniquement composée de vapeur d’eau : j’ai pu respirer pendant longtemps celle de la lave vésuvienne de 1843, sans en être aucunement incommodé.

Les fumées volcaniques forment quelquefois des nuages si épais, qu’ils couvrent de ténèbres tout le pays environnant. Pline le jeune, dans sa lettre à Tacite sur la mort de son oncle, causée par la première éruption du Vésuve en 79, dit : « Le jour recommençait ailleurs ; mais dans le lieu où ils étaient, à Stabia, à trois lieues du Vésuve, continuait une nuit, la plus sombre et la plus affreuse de toutes les nuits, qui n’était un peu dissipée que par la lueur des flammes et de l’incendie. Lorsqu’on commença à revoir la lumière, ce qui n’arriva que trois jours après, on trouva au même endroit son corps entier, couvert de la même robe qu’il portait quand il mourut, etc., etc. »