Frégate

  • Marine
  • V. C.
  • Encyclopédie moderne

Frégate. On donne le nom de frégate au bâtiment de guerre qui, pour la force, vient immédiatement après le vaisseau de ligne. Sa mâture, sa carène, sa voilure, sont semblables à celles du vaisseau ; mais elle n’a qu’une batterie de canons, les deux files de caronades qu’elle présente sur le pont n’en constituant pas véritablement une seconde.

Une frégate est bien construite quand elle a une marche rapide, et que sa ligne de batterie, suffisamment élevée au-dessus de la flottaison, lui permet d’engager le combat par tous les temps ; quand elle est douée d’une forte stabilité, que sa mâture n’est pas démesurément haute, qu’etle manoeuvre bien, gouverne bien et fait rapidement toutes les évolutions. Les frégates de quarante-quatre (28 canons de dix-huit en batterie couverte, et 16 ou 18 caronades de vingt-quatre sur le pont découvert) possèdent ces qualités à un degré supérieur ; cependant on les abandonne progressivement pour les remplacer par d’autres plus fortes, portant 30 canons de trente en batterie et autant de caronades de môme calibre sur le pont. Ce nouveau mode de construction a été mis, pour la première fois, en usage par les Américains, dans leur guerre, avec les Anglais en 1813 ; ils mirent en mer des frégates d’une force inouïe jusqu’alors, avec une carène dont l’épaisseur égalait celle des vaisseaux, avec soixante bouches à feu de gros calibre, avec un nombreux équipage. Elles eurent bon marché des petites frégates anglaises.

Afin de ravir aux Américains leur supériorité, les Anglais se mirent à construire des frégates du même gabarit. On les imita chez nous ; on alla même jusqu’à raser des vaisseaux, c’est-à-dire, à leur enlever une batterie pour en faire des frégates colossales. Cependant, les marins regrettent les frégates de quarante-quatre, si bonnes marcheuses et d’une utilité incontestable ; car les nouveaux navires, auxquels on a donné le nom de frégates, se refusent aux qualités premières de ce genre de bâtiment, et ne sont qu’un intermédiaire bâtard entre la frégate et le vaisseau, incapable de les remplacer l’une ou l’autre.