Encre de la Chine

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Encre de la Chine. Cette composition, dont l’usage est si important dans les arts du dessin, réunit toutes les qualités désirables lorsqu’elle présente les propriétés et les caractères suivants.

Sa cassure est d’un beau noir luisant ; mouillée, elle se dessèche en offrant une superficie luisante un peu cuivrée. Sa pâte, complètement homogène, est excessivement fine ; délayée, elle donne, suivant la proportion d’eau, des teintes plus ou moins foncées, depuis les plus légères jusqu’aux plus inteoses, toujours parfaitement uniformes, dont les bords peuvent être fondus en passant à temps un pinceau mouillé d’eau pure, mais qui desséchées ne sont plus susceptibles d’être délayées à l’eau, même à l’aide du frottement d’un pinceau.

L’encre delà Chine, délayée en assez grande quantité pour produire un noir intense, coule encore facilement sous la plume ou le tire-ligne, et permet de tracer les traits les plus déliés des esquisses à l’encre, ou des dessins les plus légers au trait.

Sans nous arrêter aux descriptions incomplètes, inexactes ou obscures qu’on a données des procédés suivis à la Chine pour la préparation de cette encre, nous ferons connaître le résultat des recherches faites à ce sujet par nos chimistes modernes.

L’analyse des meilleures espèces d’encre a montré à Proust qu’elles étaient composées de gélatine, de noir de fumée et d’un peu de camphre ; et elle l’a conduit à composer une encre que les gens de l’art ont préférée à celle de la Chine. Son procédé consiste simplement à mêler à la colle-forte ou gélatine du noir de fumée préparé à la potasse.

Celui de Kasteteyn, peu différent, se pratique en faisant incorporer à chaud du noir de fumée, préalablement calciné, avec une solution de colle de poisson, en évaporant jusqu’à consistance convenable, et puis coulant dans des formes.

M. Mérimée regarde ces recettes comme incomplètes, et il juge nécessaire de rendre la gélatine employée plus coulante par une opération préalable. Voici en conséquence le procédé indiqué et suivi par ce chimiste dessinateur pour préparer une bonne encre de la Chine.

On rend d’abord la gé/atine fluide, et non susceptible de se prendre en gelée, par une longue ébullition ; on en précipite une partie par une infusion aqueuse de noix de galle ; on fait dissoudre ce précipité par l’ammoniaque ; puis on ajoute le reste de la gélatine, et enfin on en fait une pâte consistante par son mélange avec le noir de fumée.

Celui-ci doit être choisi le plus fin possible, et on doit préférer celui qui est connu dans le commerce sous le nom de noir léger fin. En le mêlant avec la colle préparée, on y ajoute un peu de musc pu quelque aromate pour masquer l’odeur désagréable de la colle ; puis on broie le tout avec soin sur une glace, à l’aide d’une molette. On donne finalement à la pâte épaisse ainsi obtenue la forme de bâtons, à l’aide de moules en bois incrustés des lettres et dessins qui doivent paraître en relief sur toutes les faces.

On fait dessécher lentement ces bâtons en les tenant recouverts de cendres, et souvent on les dore, par l’application d’une feuille d’or sur leur superficie humectée.