Enclume

  • Technologie
  • Charles Renier
  • Encyclopédie moderne

Enclume. L’enclume est l’instrument sur lequel les forgerons battent le fer. C’est, comme on sait, une masse acérée, plus ou moins pesante, qui est ordinairement placée sur un bloc de bois à quelque distance de la forge, et sur laquelle ils battent à grands coups de marteau les pièces qu’ils façonnent.

L’enclume sert d’ailleurs à tous les ouvriers qui travaillent les métaux, comme les serruriers, les taillandiers, les armuriers, les chaudronniers, les orfèvres, etc., et elle varie un peu de forme selon l’usage spécial auquel l’ouvrier la fait servir. Cependant elle est toujours composée de quatre parties, savoir : le billot, qui est le bloc de bois qui lui sert de pied ; l’estomac, ou la partie la plus volumineuse de l’enclume proprement dite, qui est surmontée de la table ou le dessus, et enfin les deux bicornes.

Le billot est un morceau debois dur et d’une seule pièce. L’estomac est un prisme dont le poids est extrêmement variable, mais dont la largeur et l’épaisseur sont ordinairement dans le rapport d’un à deux. Quant aux bicornes, ce sont deux pointes, dont l’une est conique et l’autre pyramidale, Elles servent à l’ouvrier à forger les pièces annulaires. L’estomac et les bicornes ne forment d’ailleurs qu’une seule et même pièce.

La table est toujours en acier trempé. C’est une plaque, formée de petits morceaux d’acier soudés à côté les uns des autres, qui est soudée sur le dessus de l’enclume. Elle ne se trempe pas simplement en la faisant rougir et en la jetant ensuite dans l’eau : cette méthode, qui est la méthode ordinaire, ne lui donnerait pas assez de dureté. Après l’avoir soudée à l’enclume, on met le tout dans une caisse remplie de charbon, placée elle-même dans un fourneau que l’on chauffe à grand feu pendant un assez long espace de temps ; on la laisse ensuite refroidir ; on la polit à la lime, on la chauffe de nouveau jusqu’au rouge, et puis on laisse tomber sur elle un jet d’eau qui coule sans intermittence jusqu’à ce que l’enclume soit assez refroidie pour que sa chaleur ne puisse plus la recuire.

Près d’un de ses bords est pratiqué un trou carré, destiné à recevoir une tranche qui sert au forgeron pour couper le fer.

Le poids des enclumes est proportionné à celui des pièces que l’on y forge. Celles qui reçoivent le choc des martinets, dans les usines à fer, sont les plus volumineuses de toutes. Viennent ensuite celles des ateliers de mécaniciens, celles des serruriers, des armuriers, et ainsi de suite, en diminuant au fur et à mesure que les efforts auxquels elles doivent résister deviennent moins forts ; si bien que celles des ferblantiers ne sont, le plus souvent, qu’un morceau de fer qui n’est guère plus gros que le poing, auquel on donne le nom de tas, et qui se tient à la main ou sur les genoux.

Celles-ci n’ont plus la forme des grosses enclumes : elles sont cylindriques ou plates, selon qu’elles doivent être tenues à la main ou sur les genoux. Celle des ferblantiers a une forme particulière, qui est celle d’un T, et qui résulte de l’allongement considérable donné aux bicornes. C’est la forme qui convient le mieux pour arrondir les tuyaux de tôle. Les principales fabriques d’enclumes sont à Paris, à Saint-Étienne et à Sédan.